La valorisation des actifs immatériels est devenue un enjeu majeur dans les stratégies économiques des entreprises modernes. Ces actifs, qui incluent notamment les marques, les brevets, les logiciels, les dessins & modèles ou encore les bases de données, représentent désormais une part de plus en plus importante de la valeur des entreprises. Grâce aux avancées technologiques, et en particulier à l’émergence de l’intelligence artificielle (IA), de nouvelles méthodes d’évaluation sont possibles, permettant une valorisation plus précise, dynamique et efficace de ces ressources immatérielles souvent mal exploitées. Cet article explore l’impact global de l’IA dans l’évaluation et la maximisation de la valeur de ces actifs immatériels, en offrant des outils d’analyse prédictive, d’automatisation et de sécurisation juridique.
Sommaire
Pourquoi l’IA transforme la valorisation des actifs immatériels
L’émergence de l’intelligence artificielle bouleverse profondément les méthodes de valorisation des actifs immatériels, désormais au cœur des stratégies économiques. De simples « externalités positives », ces actifs sont devenus de véritables instruments de croissance. Grâce à l’IA, l’évaluation des actifs immatériels devient plus objective, détaillée et cohérente, en tenant compte de facteurs dynamiques qui étaient auparavant inaccessibles.
À l’heure où le capital immatériel représente une large part de la capitalisation boursière des sociétés cotées selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il est impératif d’adopter des outils à la hauteur des enjeux. L’IA s’impose désormais comme un vecteur d’automatisation, d’anticipation et de sécurisation, contribuant à l’optimisation juridique, financière et stratégique des actifs immatériels.
Nouveaux leviers de valorisation offerts par l’IA
L’IA comme catalyseur de propriété intellectuelle
Les outils d’intelligence artificielle permettent de repérer de manière proactive des inventions, créations ou signes distinctifs exploitables, facilitant ainsi leur protection par les droits de propriété intellectuelle. Ainsi, de nombreuses technologies développées par l’IA assistent l’innovation tout en traçant automatiquement la paternité des actifs.
En particulier, l’analyse sémantique, c’est-à-dire la capacité qu’a développé l’IA en matière de compréhension du sens des mots dans un texte ou une donnée. A titre d’exemple, la simple lecture d’un brevet par l’IA lui permettra de déterminer les concepts clés et leurs liens, comme une technologie spécifique ou une innovation particulière, sans avoir besoin d’être explicitement programmée pour chaque détail. L’IA facilite également la reconnaissance de patterns techniques, qui permet le repérage de motifs ou de structures récurrentes dans des données techniques, comme des dessins de produits, des schémas ou des idées techniques. Elle sera notamment en mesure de déceler automatiquement une solution technique similaire à une invention existante dans un brevet.
Ces technologies sont d’autant plus efficaces qu’elles s’inscrivent dans le cadre de modèles d’auto-apprentissage. Ces algorithmes permettent à l’IA d’apprendre et s’améliorer au fil du temps, sans être explicitement programmée pour chaque situation. De cette manière, l’IA sera de plus en plus performante pour évaluer la nouveauté d’un brevet à mesure que l’accumulation des données relatives aux brevets antérieurs enrichira ses capacités de prédiction.
Cela se traduit par une accélération des dépôts de brevets, de dessins & modèles, et de marques, mais aussi par une amélioration de la qualité des droits enregistrés, fondée sur des critères de distinctivité, d’usage ou de nouveauté objectivement qualifiés.
Analyse prédictive et notation des actifs immatériels
L’IA permet une évaluation fine des actifs immatériels à partir de milliers de variables : usage sur les réseaux sociaux, citations dans la littérature scientifique, antériorités juridiques, transactions comparables, etc. Cette analyse produit des notations dynamiques et actualisées, utiles pour les levées de fonds, les cessions de droits ou les bilans consolidés.
Les algorithmes utilisent également des données pour créer des scénarios prédictifs sur la valeur future d’un actif, tenant compte des tendances du marché et des comportements réglementaires, un outil essentiel en contexte de fusion-acquisition ou de litige.
Vers une normalisation des méthodes de valorisation fondées sur l’IA
Exemples concrets : brevets, bases de données, logiciels
Dans le secteur des technologies, de la santé ou des télécoms, la valorisation des brevets via l’IA repose sur la durée de vie estimée des titres, leur potentiel d’exploitation commerciale ou encore sur une cartographie de citations croisées. En effet, l’IA peut examiner les brevets et identifier ceux qui ont été cités dans d’autres brevets ou publications. Ces citations mettent en lumière des connexions d’idées, des technologies similaires, permettant une meilleure compréhension de l’évolution de l’innovation dans un domaine spécifique. La croisée de ces informations donne matière à l’IA pour la création d’une « carte » répertoriant les différentes inventions et leur rapport dans un réseau, ce qui facilite l’évaluation de la nouveauté, l’importance ou l’influence d’une invention par rapport au développement technologique global.
De même, les bases de données et logiciels peuvent être évalués à partir de leur architecture fonctionnelle, taux de réutilisation, et exposition concurrentielle.
L’enjeu de la traçabilité des algorithmes
L’utilisation d’IA dans ce contexte suppose une traçabilité des processus de valorisation, tant pour des raisons de sécurité juridique que de conformité réglementaire, au regard notamment du Règlement général européen sur la protection des données (RGPD), et du Règlement européen sur les services numériques (DSA). Il convient en ce sens de garantir l’auditabilité des algorithmes et de documenter leurs biais éventuels, notamment en matière de prédictions financières ou de décisions d’investissement.
Cadre juridique et prudentiel : vigilance et opportunités
La Commission européenne, l’OCDE et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) encouragent le recours à l’intelligence artificielle dans l’analyse des actifs incorporels, tout en insistant sur la nécessité de normes ouvertes, interopérables et auditables. Les entreprises doivent concilier exigences de transparence, efficacité économique et sécurité juridique, en s’appuyant sur des partenaires spécialisés en propriété intellectuelle, IA et évaluation d’actifs.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) souligne également que l’utilisation de données personnelles dans les modèles prédictifs doit faire l’objet d’un traitement licite, proportionné et conforme aux principes de minimisation et de finalité.
Conclusion : une approche stratégique renforcée par l’intelligence artificielle
En intégrant l’IA dans leur stratégie de valorisation des actifs immatériels, les entreprises se dotent d’un avantage concurrentiel structurel. L’enjeu n’est pas uniquement technologique : il est juridique, économique et organisationnel. Il s’agit de transformer l’immatériel en capital activable, mesurable, transférable et défendable.
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FAQ
1. Qu’est-ce qu’un actif immatériel ?
Il s’agit d’un bien non physique ayant une valeur pour l’entreprise : marque, brevet, logiciel, base de données, savoir-faire…
2. Peut-on valoriser une marque à l’aide de l’IA et quels en sont les risques ?
Oui, en combinant des données sur sa notoriété, son usage numérique, sa protection juridique et ses performances commerciales. Les risques concernent principalement la transparence des algorithmes, la protection des données et la traçabilité des décisions.
3. L’IA est-elle utilisée dans les litiges sur la PI ?
Oui, notamment pour estimer des préjudices économiques, analyser la similarité ou rechercher des antériorités. Des juristes spécialisés se chargent d’identifier les bons outils, sécuriser les usages et anticiper les enjeux contractuels.