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L’intelligence artificielle et la protection des données personnelles

La convergence entre l’intelligence artificielle (IA) et le droit de la protection des données personnelles a engendré des défis complexes et des opportunités notamment pour les entreprises. La croissance exponentielle des systèmes basés sur l’IA, en particulier ceux dépendant des données personnelles, impose un équilibre délicat entre innovation et conformité. Cet article explore la manière dont le Règlement général sur la protection des données (RGPD) aborde les enjeux juridiques liés aux technologies d’IA, notamment la responsabilité, la minimisation des données et les bases légales du traitement, tout en mettant en lumière la jurisprudence récente et les actions des autorités.

I – Fondements juridiques : L’IA et la conformité au RGPD

A – La dépendance de l’IA aux données personnelles

Les systèmes d’IA nécessitent souvent des quantités importantes de données personnelles pour fonctionner efficacement. Qu’il s’agisse de former des modèles linguistiques ou de déployer des moteurs de recommandation, les données personnelles sont indispensables. Cependant, le RGPD impose des conditions strictes, obligeant les développeurs à concilier utilité et respect de la vie privée.

Les principaux principes du RGPD :

  • Licéité, loyauté et transparence (art. 5 RGPD) : Les systèmes d’IA doivent garantir la transparence dans leurs pratiques de traitement des données, permettant aux individus de comprendre l’utilisation de leurs données.
  • Limitation des finalités (art. 5 RGPD) : Les développeurs doivent définir des finalités spécifiques pour le traitement des données et ne pas les détourner sans justification légale.
  • Minimisation des données (art. 5 RGPD) : Seules les données strictement nécessaires aux finalités définies doivent être collectées et traitées.

B – Les bases légales du traitement des données dans l’IA

Le Comité européen de la protection des données (CEPD) a précisé que l’intérêt légitime peut justifier le traitement de données personnelles dans le développement de l’IA, à condition qu’il respecte un test en trois étapes :

  1. Identification de l’intérêt légitime poursuivi.
  2. Démonstration de la nécessité du traitement.
  3. Équilibrage avec les droits des personnes concernées​​.

II – Défis clés dans l’application du RGPD à l’IA

  • Anonymisation et pseudonymisation : La distinction entre données anonymisées et pseudonymisées est cruciale pour déterminer si le RGPD s’applique. Les modèles d’IA entraînés sur des données pseudonymisées restent soumis au RGPD, tandis que les données véritablement anonymisées en sont exemptées​.
  • Transparence dans les systèmes complexes : Les systèmes d’IA, notamment ceux basés sur l’apprentissage profond, sont souvent qualifiés de « boîtes noires », rendant difficile l’explication des décisions. Le droit à l’explication (considérant 71 du RGPD) accentue la pression sur les développeurs pour améliorer la transparence.
  • Transferts transfrontaliers de données : Les systèmes d’IA reposant sur des sources de données mondiales sont soumis à des règles strictes en matière de transferts de données. La décision Schrems II, qui a invalidé le « Privacy Shield » entre l’UE et les États-Unis, contraint les organisations à adopter des garanties alternatives pour respecter le RGPD.

III – Jurisprudence et sanctions : Leçons à tirer

A – L’affaire OpenAI : Amende historique en Italie

En décembre 2024, l’Autorité italienne de protection des données a infligé une amende de 15 millions d’euros à OpenAI pour des violations du RGPD, incluant un manque de transparence, l’absence de vérification de l’âge et des garanties insuffisantes pour les données sensibles. Cette affaire souligne l’importance d’une stratégie de conformité solide​.

B – Les failles de sécurité chez Meta Platforms

L’amende de 251 millions d’euros imposée par la Commission irlandaise de protection des données à Meta a mis en lumière les conséquences de notifications incomplètes de violations et d’une conception déficiente des systèmes de traitement​.

C – Transferts illégaux de données par la Commission européenne

Un jugement de 2025 contre la Commission européenne a révélé des transferts de données non conformes vers les États-Unis, soulignant l’importance de la responsabilité même pour les organismes publics​.

IV – Recommandations pratiques pour les développeurs et entreprises d’IA

  • Intégrer la protection des données dès la conception : L’intégration de garanties dès la conception des systèmes d’IA garantit la conformité avec le principe de protection des données dès la conception ( 25 RGPD).
  • Réaliser des analyses d’impact sur la protection des données (AIPD) : Les AIPD sont obligatoires pour les systèmes d’IA à haut risque traitant des données personnelles. Elles permettent d’identifier et de réduire les risques de non-conformité​.
  • Renforcer les mécanismes de transparence : Les développeurs doivent fournir des politiques de confidentialité claires et accessibles et expliquer les processus de prise de décision automatisée, permettant aux utilisateurs d’exercer leurs droits efficacement.
  • Suivre les évolutions réglementaires : Avec l’avancement de l’AI Act en Europe, les entreprises doivent s’adapter à un cadre juridique en constante évolution pour éviter les sanctions et maintenir la confiance des consommateurs.

V – Perspectives : Naviguer dans le paysage juridique de l’IA

L’interaction entre l’innovation en IA et les lois sur la protection des données va s’intensifier à mesure que les technologies évoluent. L’AI Act de l’UE, destiné à harmoniser les réglementations entre les États membres, vise à établir un cadre complet pour gérer les risques et avantages des systèmes d’IA. Les entreprises qui alignent proactivement leurs opérations sur les principes du RGPD atténueront non seulement les risques juridiques, mais gagneront également un avantage concurrentiel dans un marché sensible à la vie privée.

Conclusion : trouver un équilibre

La relation entre l’IA et la protection des données personnelles illustre la tension entre innovation et conformité réglementaire. En adoptant les principes du RGPD, les entreprises peuvent exploiter le potentiel transformateur de l’IA tout en respectant les droits des individus. Ce double objectif, efficacité et responsabilité, définira l’avenir de l’IA dans un monde de plus en plus réglementé.

Chez Dreyfus & Associés, nous mettons à profit notre expertise reconnue en propriété intellectuelle et en nouvelles technologies pour vous accompagner face aux défis complexes que représentent l’intelligence artificielle et la protection des données personnelles.

Le cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle

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FAQ

1 – C’est quoi exactement l’intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle (IA) désigne l’ensemble des technologies permettant aux machines d’imiter certaines capacités cognitives humaines, telles que l’apprentissage, le raisonnement et la prise de décision. L’IA repose sur des algorithmes avancés, notamment l’apprentissage automatique (machine learning) et l’apprentissage profond (deep learning), pour analyser des données et effectuer des tâches complexes sans intervention humaine.

2 – Quelle est le lien entre l’intelligence artificielle et les données personnelles ?

L’IA repose sur le traitement massif de données, y compris des données personnelles telles que les noms, adresses, comportements en ligne et préférences des utilisateurs. Ces données permettent aux algorithmes d’apprentissage automatique d’améliorer leur précision et de fournir des services personnalisés. Toutefois, leur utilisation soulève des enjeux juridiques et éthiques, notamment en matière de respect du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) et de la sécurisation des informations sensibles.

3 – Quelle sont les 6 principes de protection des données ?

Le RGPD, qui encadre la collecte et le traitement des données personnelles dans l’Union européenne, repose sur six principes fondamentaux : 1. Licéité, loyauté et transparence – Les données doivent être traitées de manière licite, transparente et compréhensible pour l’utilisateur. 2. Limitation des finalités – Les données doivent être collectées pour des objectifs précis, explicites et légitimes. 3. Minimisation des données – Seules les données strictement nécessaires au traitement doivent être collectées. 4. Exactitude – Les données doivent être tenues à jour et corrigées en cas d’erreur. 5. Limitation de la conservation – Les données ne doivent pas être conservées plus longtemps que nécessaire. 6. Intégrité et confidentialité – Les données doivent être protégées contre tout accès non autorisé, perte ou destruction.

4 – Comment l’IA traite les données

L’IA analyse les données en plusieurs étapes : • Collecte : Les informations sont recueillies à partir de différentes sources (sites web, capteurs, bases de données, réseaux sociaux, etc.). • Nettoyage et structuration : Les données sont filtrées, corrigées et organisées pour éviter les erreurs et les biais. • Analyse et modélisation : Des algorithmes sont appliqués pour extraire des tendances, détecter des anomalies ou faire des prédictions. • Prise de décision : L’IA génère des recommandations, automatise des processus ou effectue des actions en fonction des analyses effectuées.

5 – Que fait l’IA avec vos informations personnelles ?

L’intelligence artificielle utilise vos données personnelles pour : • Personnaliser les services (publicités ciblées, recommandations de contenu, assistants virtuels). • Optimiser les performances des algorithmes (amélioration des chatbots, reconnaissance vocale et faciale). • Automatiser certaines décisions (évaluation du crédit, détection de fraudes, diagnostic médical). • Analyser le comportement des utilisateurs pour améliorer les produits et services. Toutefois, la collecte et le traitement de ces données doivent respecter le RGPD et garantir la confidentialité et la protection des informations sensibles des utilisateurs.

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Rétrospective 2024 : Propriété intellectuelle et innovation au cabinet Dreyfus

L’année 2024 a marqué une période riche en évolutions législatives, en innovations stratégiques, et en initiatives significatives pour le cabinet Dreyfus, spécialisé en propriété intellectuelle. Cette rétrospective met en lumière les moments forts, les analyses approfondies, et les outils développés pour accompagner les entreprises dans un monde juridique en perpétuel mouvement.

Articles phares et évolutions législatives

Le cabinet a analysé plusieurs évolutions majeures en 2024, parmi lesquelles :

  1. Nouvelles mesures européennes pour des emballages durables : Adoptées par le Parlement européen, ces mesures visent à réduire les déchets d’emballages et à promouvoir des alternatives écologiques. Des recommandations pratiques ont été proposées pour aider les entreprises à se conformer à ces nouvelles exigences.
  2. Modernisation du régime des dessins et modèles : Le « Paquet Dessins et Modèles », qui entrera en vigueur le 1er mai 2025, apporte des ajustements significatifs pour renforcer la protection des créations au sein de l’Union européenne. Les articles du cabinet ont expliqué ces changements et leur impact pour les entreprises créatives.
  3. Surveillance des marques sur les réseaux sociaux : Un sujet crucial à l’ère numérique. Le cabinet a exploré des stratégies avancées pour contrer les atteintes à la propriété intellectuelle en ligne et a introduit de nouveaux services pour surveiller les noms de domaine et l’image de marque des sociétés.

Services et outils modernisés

Pour répondre aux besoins croissants des clients, le cabinet a étendu ses services en matière de :

  1. Surveillance de vos marques, noms de domaines, réseaux sociaux et dessins & modèles : Une vigilance renforcée pour protéger vos actifs immatériels dans un environnement de plus en plus complexe.
  2. Accompagnement personnalisé : Le cabinet a développé des solutions sur mesure pour les startups et les entreprises émergentes, fournissant des outils adaptés à leurs ressources limitées.

Événements et internationalisation

Le cabinet a participé activement à des conférences internationales et a organisé des webinaires sur des thématiques variées, consolidant son rôle de leader dans le domaine de la propriété intellectuelle.

Perspectives pour 2025

Pour 2025, le cabinet prévoit de poursuivre son exploration des nouvelles technologies, d’introduire des formations adaptées aux besoins spécifiques des clients, et de renforcer ses collaborations internationales.

Nous souhaitons à tous nos clients, partenaires, et collaborateurs une excellente année 2025, pleine de succès et de sérénité. Que cette nouvelle année soit marquée par des réalisations positives et une paix durable dans le monde.

Le cabinet Dreyfus collabore avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en propriété intellectuelle.

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L’accréditation des acteurs de la blockchain par l’ICANN : un tournant pour la gestion des noms de domaine

L’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, mieux connue sous l’acronyme ICANN, joue un rôle primordial dans le maintien de la sécurité, de la stabilité et de l’interopérabilité de l’internet. En tant qu’organisme régulateur, elle veille également à stimuler la concurrence et à développer des politiques pour les identifiants Internet uniques.

Le rôle de l’ICANN dans l’écosystème internet

L’ICANN est au cœur du système de gestion des noms de domaine, supervisant le processus d’accréditation des registrars. Pour être accrédité, une entité doit respecter des critères stricts incluant des considérations financières significatives, comme un fond de roulement minimal. Après approbation de la candidature, un accord d’accréditation est signé avec l’ICANN. Ce cadre réglementaire assure que l’internet reste une plateforme globalement ouverte et accessible, garantissant la sécurité et la stabilité du système de noms de domaine.

Accréditation de Freenam et Unstoppable Domains par l’ICANN

Récemment, l’ICANN a accrédité deux sociétés spécialisées dans les technologies blockchain : Freenam et Unstoppable Domains. Ces accréditations ont surpris, surtout quand on sait que ces entités étaient autrefois des détracteurs de l’ICANN. Cette intégration symbolise une évolution notable dans l’écosystème Internet, reflétant une ouverture vers les innovations technologiques et les nouveaux paradigmes de la gestion des noms de domaines.

Freenam et Unstoppable Domains vont désormais pouvoir offrir des gTLD (Generic Top-Level Domains), des extensions de domaine de premier niveau utilisées à l’échelle mondiale, comme « .com » ou « .net », et des ccTLD (Country Code Top-Level Domains), spécifiques à un pays, comme le « .fr » pour la France ou le « .de » pour l’Allemagne.

Avant l’accréditation : l’offre des noms de domaine du web 3.0

Ces entités offraient déjà des noms de domaine du web 3.0, tels que « .eth » ou « .wallet ». Ces noms de domaine se distinguent radicalement des extensions traditionnelles comme « .com » en ce qu’ils ne nomment pas une adresse IP mais plutôt une clé publique utilisée pour la réception et l’émission de cryptoactifs sur la blockchain, similaire à un IBAN interactif capable de faciliter non seulement les transactions financières mais également d’interagir avec des smart contracts.

Un nom de domaine Web 3.0 est conçu pour être incensurable et inaltérable. Il permet aux utilisateurs de lier une adresse blockchain facilement mémorisable à leur portefeuille crypto, leur site Web ou leurs profils sur les réseaux sociaux, sans avoir à se soucier de la censure ou de la suspension de leur nom de domaine par un tiers. Ces caractéristiques techniques et fonctionnelles invitent à s’interroger sur l’adéquation du terme de « nom de domaine » avec ce mode de nommage. Une partie de la doctrine propose alors de les désigner sous le terme de « noms de portefeuilles numériques ».

Alors que les extensions des noms de domaines classiques de type gTLD sont attribuées et gérées sous le contrôle de l’ICANN, aucune entité ou organisme international n’existe pour les noms de domaine du web 3.0. Ces derniers sont inscrits sur une blockchain publique, par nature non-centralisée. De plus, ces noms de domaines du web 3.0 sont émis par des entreprises de nommage ne conservant pas de droit d’administration de ces noms de domaine ou des smart contracts sur les NFT émis.

Les perspectives futures

Cette accréditation est susceptible d’intensifier la concurrence dans le secteur des noms de domaine, offrant plus de choix et des fonctionnalités innovantes aux utilisateurs, en phase avec les avancées de la blockchain.

Les avantages pour les utilisateurs finaux incluent plus de choix et une sécurité accrue, car aucun acteur tiers ne peut intervenir pour modifier ou supprimer ces domaines blockchain, éliminant ainsi la nécessité de renouvellement périodique.

Conclusion

Cette nouvelle étape dans la régulation des noms de domaine souligne l’adaptation continue de l’ICANN aux nouvelles réalités technologiques et son rôle crucial dans la facilitation d’une transition ordonnée vers des systèmes de noms de domaine plus innovants et sécurisés.

Grâce son expertise dans le web 3.0, le cabinet Dreyfus & Associés vous accompagne dans toutes les étapes de vos projets blockchain.

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La technologie blockchain : une révolution du droit de la preuve ?

Dans le domaine de la propriété intellectuelle, la question de la preuve est cruciale. Traditionnellement, l’horodatage électronique, comme l’enveloppe Soleau de l’INPI, offrait une première solution. Cependant, ces méthodes restent limitées par des cadres nationaux. La blockchain, quant à elle, se présente comme une alternative globale, fiable et accessible, pouvant devenir un standard international.

Fonctionnement de la preuve par blockchain 

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, caractérisée par sa décentralisation, sa transparence et sa sécurité. Contrairement aux systèmes centralisés, elle fonctionne sans autorité de contrôle unique. Chaque échange est enregistré dans un registre partagé, formant une chaîne d’informations infalsifiables. Les blockchains publiques sont accessibles à tous, semblables à un grand livre comptable inviolable, tandis que les blockchains privées restreignent l’accès à certains utilisateurs. Cette structure garantit que les données restent immuables et impossibles à modifier ou à détruire.

La preuve par blockchain fonctionne comme un grand registre, accessible et sécurisé, où chaque transaction est enregistrée sous forme de « blocs » liés les uns aux autres. Chaque nouveau bloc contient une empreinte unique du bloc précédent, formant ainsi une chaîne difficile à modifier. La blockchain est dupliquée en milliers de copies à travers le monde, rendant toute modification non autorisée quasiment impossible.

La sécurité du système est assurée par des mineurs qui, en échange de récompenses monétaires, valident les transactions en résolvant des calculs complexes. Ce mécanisme garantit l’intégrité et la fiabilité des informations.

Mode d’emploi pour prouver un document 

  1. Création de l’empreinte : Le document est converti en une suite unique de chiffres et de lettres (une empreinte).
  2. Enregistrement dans la blockchain : Cette empreinte est inscrite dans la blockchain par une transaction financière minime, rendant l’enregistrement permanent.
  3. Vérification : Pour prouver l’authenticité d’un document, il suffit de comparer son empreinte actuelle à celle enregistrée dans la blockchain. Si les deux correspondent, le document est prouvé authentique.

Solutions traditionnelles vs. Blockchain

Les solutions de preuve traditionnelles, bien qu’efficaces, sont souvent limitées à des juridictions nationales, générant des obstacles à l’international. Les procédures d’huissier ou l’enveloppe Soleau ne garantissent pas une protection universelle. L’expérience utilisateur, de plus, n’est pas optimale, freinant leur utilisation par les entreprises.

La blockchain s’impose par sa nature open source, offrant un horodatage universel basé sur des règles mathématiques. Elle abaisse les barrières à l’entrée, permettant une standardisation technologique. Les utilisateurs bénéficient d’une preuve immuable et traçable, largement reconnue.

 Cas d’usage variés 

  • La protection des créations

Protection au fil de l’eau : La blockchain permet d’horodater chaque version d’une création (ex. mode, joaillerie), offrant une couverture continue, même pour des œuvres inachevées.

Protection de l’avant-brevet : Les phases de R&D bénéficient de la blockchain pour prouver l’antériorité d’inventions non brevetées, sans nécessairement passer par le dépôt de brevet.

Traçabilité des contributeurs : Dans des projets collaboratifs, la blockchain permet d’identifier précisément les contributions, minimisant les conflits sur les droits d’auteur.

  • La signature électronique

Introduite en 2000 en France et régie par l’article 1367 du Code civil, la signature électronique est standardisée au niveau européen grâce au Règlement eIDAS. Celui-ci définit trois types de signatures : simple, avancée, et qualifiée, cette dernière ayant la même valeur juridique qu’une signature manuscrite.

La blockchain joue un rôle croissant dans ce domaine, notamment pour garantir l’intégrité, la transparence, et la sécurité des signatures électroniques sans faire appel à un tiers de confiance. Elle permet de répondre aux critères des signatures simples et avancées, en assurant un lien unique avec le signataire et en garantissant l’authenticité des documents. Moins coûteuse et adaptée à une gestion décentralisée, la blockchain pourrait s’intégrer dans les dispositifs de signature électronique qualifiée, surtout avec l’adoption du Règlement eIDAS 2 en 2024.

Limites actuelles et perspectives futures

En France, la reconnaissance légale de la preuve par blockchain est principalement limitée au secteur financier. L’ordonnance n° 2016-520 a autorisé l’utilisation de la blockchain pour l’enregistrement et le transfert d’actifs financiers non cotés, tels que les minibons. L’ordonnance n° 2017-1674 et le décret n° 2018-1226 ont ensuite étendu l’utilisation d’un dispositif d’enregistrement électronique partagé pour les titres financiers. La loi PACTE de 2019 a renforcé cette reconnaissance en autorisant l’enregistrement et la circulation d’actifs financiers sur la blockchain, notamment les actions et obligations.

Au niveau européen, Le règlement 910/2014/UE, en vigueur depuis le 1er juillet 2016, valide les signatures et horodatages électroniques, incluant implicitement ceux de la blockchain, comme preuves admissibles devant les tribunaux, leur attribuant une valeur juridique similaire aux signatures manuscrites.

Le droit français repose sur un système mixte de preuve : liberté de la preuve par principe et preuve légale par exception, appliquée principalement aux actes juridiques. Les preuves parfaites incluent l’écrit (authentique ou sous seing privé), l’aveu judiciaire, le serment décisoire, et la copie fiable. Les preuves imparfaites, dont fait partie la blockchain, sont soumises à l’appréciation du juge et n’ont pas une force probante prédéfinie par la loi.

C’est pourquoi il est conseillé d’établir un constat d’huissier. Bien que la vérification d’une empreinte numérique dans la blockchain soit techniquement simple et réalisable via des outils open source, le juge ne peut pas effectuer cette manipulation lui-même. L’huissier, en tant qu’auxiliaire de justice, réalise ce constat et fournit ainsi une preuve technique au juge, facilitant l’usage de la preuve blockchain dans le cadre d’une procédure judiciaire.

Conclusion

Bien que la blockchain soit encore considérée comme une preuve imparfaite en droit français, sa reconnaissance s’accroît. Elle pourrait, dans un futur proche, devenir un standard mondial, surpassant les méthodes traditionnelles.

La blockchain redéfinit le cadre de la preuve en propriété intellectuelle, offrant une solution adaptée aux défis d’un marché internationalisé.

 

Le cabinet Dreyfus vous assure un accompagnement expert dans toutes les étapes de protection de vos créations. Notre maîtrise des subtilités légales et notre expérience sur les marchés mondiaux vous garantissent une protection optimale, adaptée à vos besoins spécifiques.

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