Actualité

Comment protéger les pièces de rechange ? Application rétroactive de la clause de réparation

Aperçu et cadre juridique

Les pièces de rechange

Les pièces de rechange, aussi appelées « pièces détachées », sont des composants qui remplacent ou restaurent l’apparence de produits complexes, tels que les véhicules, les appareils électroniques ou électroménagers.

Evolution de la législation

Par la loi Climat et Résilience du n° 2021-1104 du 22 août 2021 dont les dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 2023, certains articles du code de la propriété intellectuelle ont été modifiés :

  • L’article 513-6, 4°, du code de la propriété intellectuelle : cet article vient désormais préciser que les droits conférés par l’enregistrement d’un dessin ou modèle ne peuvent être opposés à des actes visant à restituer l’apparence initiale d’un véhicule à moteur ou à une remorque, notamment lorsque ces actes portent sur des pièces relatives au vitrage ou sont réalisés par l’équipementier qui a fabriqué la pièce d’origine.
  • L’article 122-5, 12°, du code de la propriété intellectuelle : cet article prévoit notamment que lorsqu’une œuvre a été divulguée, son auteur ne peut interdire la reproduction, l’utilisation et la commercialisation des pièces destinées à rendre leur apparence initiale à un véhicule à moteur ou à une remorque.

Ces articles permettent la création d’une clause de réparation qui permet d’exempter les « pièces de rechange essentielles » de la protection des dessins ou modèles et du droit d’auteur afin de favoriser la concurrence et de soutenir les objectifs de l’économie circulaire.

Dès lors, les fournisseurs indépendants sont autorisés à fabriquer et à vendre des pièces détachées (telles que des phares, des rétroviseurs et des pare-chocs) sans enfreindre les dessins et modèles enregistrés, à condition qu’aucun logo ou signe protégé ne reste apposé.

evolution protection rechange

Pour en savoir davantage sur le cadre juridique applicable aux pièces de rechange, nous vous invitons à consulter notre article précédemment publié.

L’application de la clause de réparation

Les faits et procédure

Par un arrêt du 11 juin 2025 (n°23-83.474), la chambre criminelle de la Cour de cassation a rendu une décision majeure venant apporter des précisions sur l’application dans le temps de la clause de réparation.

Dans cette affaire, une société, filiale d’un groupe espagnol spécialisé dans la fabrication d’équipements d’origine pour trois constructeurs automobiles français, a revendu des rétroviseurs produits par ce groupe sans y être autorisée. Les constructeurs automobiles ont alors assigné la société qui a été reconnue coupable d’actes de contrefaçon de dessins et modèles, de droits d’auteur et de marque par le tribunal correctionnel. La Cour d’appel a relaxé les prévenus sur les fondements suivants :

  • Pour les chefs d’accusation de contrefaçon par atteinte aux droits des dessins et modèles, les juges sont venus appliquer l’article L. 513-6, 4°, du code de la propriété intellectuelle dans sa rédaction issue de la loi précité du 22 août 2021.
  • Pour les chefs d’accusation de contrefaçon par atteinte au droit d’auteur, les juges ont appliqué l’article L. 122-5, 12°, du code de la propriété intellectuelle, dans sa rédaction issue de la loi précité du 22 août 2021.
  • Pour les chefs d’accusation de contrefaçon de marque, les juges ont précisé que le groupe espagnol a lui-même supprimé la référence des marques ou logo des constructeurs automobiles français sur les rétroviseurs.

La rétroactivité de la clause de réparation

Application de la loi pénale plus douce

La cour d’appel a précisé que la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 constitue une loi pénale lorsqu’elle a pour effet de modifier les éléments constitutifs de l’infraction de contrefaçon.

Dans cet arrêt, les juges ont appliqué les dispositions de la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 alors même que les faits étaient antérieurs à son entrée en vigueur (prévue au 1er janvier 2023). Les juges ont alors précisé que les articles L. 513-6, 4° et L. 122-5, 12° du code de la propriété intellectuelle sont venus réduire la portée de l’incrimination opposée au fabricant de pièces de rechange, ce qui constitue une loi pénale plus douce pouvant s’appliquer immédiatement selon le principe posé par l’article 112-1, alinéa 3, du code pénal.

La légitimité de la loi pénale plus douce

Les juges précisent que cette rétroactivité n’est pas contraire à la protection du droit de propriété, garanti par l’article 1er  du  premier protocole additionnel de la Convention européenne des droits de l’homme  et l’article 17 de la  déclaration universelle des droits de l’homme. En effet, les modifications apportées par la loi précitée du 22 août 2021 portent une atteinte proportionnée au but légitime poursuivi comme le démontrent les travaux parlementaires qui visaient par cette loi à ouvrir à la concurrence le marché des pièces détachées visibles.

De plus, les juges ont légitimement considéré que ces dispositions étaient applicables non seulement à l’équipementier d’origine, c’est-à-dire le groupe espagnol, mais également à la chaîne commerciale reliant ce dernier au consommateur, et notamment la filiale poursuivie, sans méconnaître le principe d’interprétation stricte de la loi pénale.

Conclusion

Ainsi, cet arrêt vient apporter de nouvelles précisions sur la clause de réparation :

  • La clause de réparation peut avoir une application rétroactive et peut s’appliquer à des faits ayant été commis avant le 1er janvier 2023
  • La clause réparation s’applique à l’ensemble de la chaîne commerciale reliant l’équipementier d’origine au consommateur

Le cabinet Dreyfus et Associés accompagne ses clients dans la gestion de dossiers de propriété intellectuelle complexes, en proposant des conseils personnalisés et un soutien opérationnel complet pour la protection intégrale de la propriété intellectuelle.

Le Cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle.

Nathalie Dreyfus avec l’aide de toute l’équipe du cabinet Dreyfus

FAQ

1. La clause de réparation ne concerne-t-elle que les véhicules à moteur ou peut-elle être étendue à d’autres secteurs (électroménager, électronique, etc.) ?

Actuellement, la clause de réparation prévue par le code de la propriété intellectuelle ne vise que les véhicules à moteur et remorques. Une extension à d’autres secteurs n’est pas exclue, mais elle nécessiterait une réforme législative ou réglementaire spécifique.

2. La clause de réparation existe-t-elle dans d’autres pays européens ?
Oui, certains États membres de l’UE, comme l’Allemagne, connaissent déjà des exceptions similaires pour les pièces visibles, et une harmonisation est prévue par le droit européen afin d’assurer la libre circulation des pièces détachées.

3. Que doivent faire les entreprises pour se mettre en conformité ?
Elles doivent vérifier le retrait des signes distinctifs, s’assurer que les pièces concernées entrent bien dans le champ de l’exception et adapter leurs contrats et procédures internes à cette nouvelle réglementation.

4. La clause de réparation profite-t-elle seulement aux fournisseurs indépendants ?
Non. Elle bénéficie à tout opérateur, y compris aux équipementiers d’origine et à l’ensemble de la chaîne commerciale, dès lors que les conditions légales sont respectées.

5. Quels sont les avantages pour les consommateurs ?
La clause de réparation favorise la concurrence, réduit les coûts des pièces détachées visibles, stimule l’économie circulaire et élargit l’offre sur le marché des pièces de rechange.

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Intelligence artificielle et propriété intellectuelle : comment protéger ses créations et éviter les litiges ?

Une révolution technologique, un vide juridique

L’intelligence artificielle (IA) bouleverse déjà nos modes de création et d’innovation. En quelques secondes, un logiciel peut générer une image, composer une musique, écrire un texte ou contribuer à une découverte scientifique.

Mais une question persiste : à qui appartiennent ces créations ?

Le droit de la propriété intellectuelle, façonné à une époque où l’auteur ou l’inventeur était nécessairement humain, se retrouve confronté à des zones grises. L’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni multiplient les clarifications, mais les règles diffèrent selon les juridictions.

Depuis plus de 20 ans, le cabinet Dreyfus accompagne entreprises, laboratoires, créateurs et startups dans la protection et la valorisation de leurs innovations. Cet article fait le point sur le cadre juridique actuel et propose des solutions pratiques pour sécuriser vos créations issues de l’IA.

IA et droit d’auteur – qui est le véritable auteur ?

L’originalité, critère central en droit européen

En droit de l’Union européenne, une œuvre est protégée si elle est originale, c’est-à-dire si elle reflète la personnalité de son auteur (directive 2001/29/CE, dite Infosoc).

Une création produite uniquement par un algorithme, sans intervention humaine significative, ne répond pas à ce critère.

Exemple : une IA génère un logo en réponse à un prompt simple (“dessine-moi un vinyle rouge avec un cercle noir”). Ce visuel brut n’a pas de protection juridique autonome. En revanche, si un designer combine plusieurs outputs, fait des choix créatifs et retouche l’œuvre, l’apport humain peut justifier une protection par le droit d’auteur.

Les premiers litiges

Aux États-Unis, le Copyright Office a refusé en 2023 l’enregistrement d’œuvres 100 % générées par IA. En Europe, des actions en justice ont été engagées par des photographes et illustrateurs dénonçant l’utilisation de leurs images dans des datasets d’entraînement sans autorisation.

Marques et intelligence artificielle – opportunités et risques

Marques générées par IA : une fausse bonne idée

De nombreuses entreprises testent l’IA pour générer des noms ou logos de marques. Mais ces créations posent deux problèmes :

  • Les noms proposés sont souvent trop descriptifs ou génériques (ex : “EcoWine”).
  • Les logos peuvent reproduire, même involontairement, des formes proches de créations existantes.

Résultat : risque de refus par l’EUIPO ou l’INPI, voire de litige pour contrefaçon.

L’IA comme outil de protection

L’IA peut aussi devenir un allié stratégique. Certains cabinets utilisent déjà des algorithmes pour surveiller les dépôts de marques et détecter des imitations (variations orthographiques, logos similaires). Dreyfus s’appuie sur ces technologies, mais ajoute l’expertise juridique indispensable à toute décision.

Brevets et IA – qui est l’inventeur ?

Le cas DABUS

L’affaire DABUS a marqué un tournant : une IA avait généré deux inventions. Son concepteur, Stephen Thaler, a tenté de déposer des brevets en désignant l’IA comme inventeur.

  • L’USPTO (États-Unis), l’EPO (Europe) et l’INPI (France) ont refusé.
  • En 2023, la Cour suprême du Royaume-Uni a confirmé que seul un être humain peut être inventeur.

Conséquences pour les entreprises

Les inventions “assistées par IA” restent brevetables, mais un inventeur humain doit être désigné.

Pour sécuriser vos brevets, documentez l’apport inventif humain (cahiers de laboratoire, contributions identifiées).

Les risques juridiques majeurs liés à l’IA

Violation des droits d’auteur dans les datasets

La directive (UE) 2019/790 sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique (DSM) a introduit des exceptions pour la fouille de textes et de données (text and data mining ou TDM). Mais elle permet aux titulaires de droits de s’y opposer via un opt-out technique lisible par machine.

Si une IA est entraînée sur des œuvres protégées sans respect de cet opt-out, un risque de contentieux existe.

Contrefaçon involontaire

Une IA peut générer un logo ou un visuel proche d’une œuvre protégée. Si ce contenu est exploité commercialement, l’entreprise peut être poursuivie, même de bonne foi.

Responsabilité contractuelle

Qui est responsable en cas de litige ? L’éditeur de l’IA, l’utilisateur ou l’entreprise qui exploite l’output ?

Les réponses varient selon les juridictions, mais une chose est sûre : les contrats doivent préciser ces responsabilités.

Cartographie internationale – UE, USA, UK

Union européenne

  • Directive Infosoc 2001/29/CE : impose l’originalité humaine.
  • Directive DSM 2019/790 : encadre le TDM avec possibilité d’opt-out.
  • AI Act (2024) : premier règlement européen sur l’IA. Il classe les systèmes par niveau de risque et impose aux fournisseurs de modèles d’IA à usage général (GPAI) de publier un résumé des données d’entraînement.

États-Unis

  • Copyright Office : œuvres générées sans apport humain refusées.
  • USPTO : guidance 2024, contribution humaine “significative” obligatoire pour les brevets.

Royaume-Uni

  • Cour suprême 2023 : une IA ne peut pas être inventeur.
  • Débats en cours sur le droit d’auteur, mais aucune reconnaissance juridique autonome des œuvres IA.

Matrice de risques IA

Usage Risque Recommandation
Création marketing (textes, images) Moyen Vérifier les similarités avant diffusion, documenter la part humaine.
Logos et chartes graphiques Élevé Recherche d’antériorités avant dépôt, audit visuel.
R&D et brevets Moyen Documenter l’apport humain dans les dossiers.
Fine-tuning sur données tierces Élevé Vérifier droits sur datasets, opt-out TDM, licences.

Clauses contractuelles essentielles

  1. Propriété des outputs : cession des droits sur les contributions humaines, clarifiant la non-protection possible des outputs purement IA.
  2. Garanties et indemnités : engagement du prestataire à limiter le risque de contrefaçon et indemniser en cas de litige.
  3. Dataset et TDM : déclaration de conformité aux exceptions de la directive DSM et respect des opt-out.
  4. Inventorship : documentation de l’apport humain dans tout dépôt de brevet.

Roadmap de conformité en 90 jours

  • Semaine 1-2 : cartographie des usages IA.
  • Semaine 3-4 : audit PI (droits d’auteur, marques, brevets).
  • Semaine 5-6 : rédaction de la charte IA interne.
  • Semaine 7-8 : mise en place de contrôles de similarité et d’un registre datasets.
  • Semaine 9-12 : dépôts stratégiques, veille internationale, formation équipes.

Checklist d’audit datasets

  • Origine licite des sources.
  • Respect des opt-out TDM (directive DSM).
  • Licences compatibles avec l’usage commercial.
  • Conservation des preuves et logs techniques.
  • Publication d’un résumé des datasets pour conformité à l’AI Act.

Chiffres clés et tendances – IA & propriété intellectuelle

  • Marché de l’IA : l’Union européenne estime que le marché mondial de l’IA atteindra plus de 300 milliards € d’ici 2030, avec une croissance annuelle de près de 20 % (Commission européenne, 2024).
  • Contentieux : selon l’OMPI (WIPO), les procédures de litiges liés aux noms de domaine ont augmenté de plus de 20 % en 2023, notamment à cause du cybersquatting autour de termes liés à l’IA.
  • Droit d’auteur : aux États-Unis, plus de 50 demandes d’enregistrement d’œuvres générées par IA ont déjà été rejetées par le Copyright Office entre 2022 et 2024.
  • Brevets : l’Office européen des brevets (OEB) a constaté une hausse de 7 % des dépôts de brevets liés à l’IA en 2023, en particulier dans la santé, la chimie et les télécoms.
  • Confiance des entreprises : un sondage de la Commission européenne (2024) révèle que 62 % des dirigeants européens considèrent le manque de clarté juridique comme le principal frein à l’adoption de l’IA.

L’approche Dreyfus

Le cabinet Dreyfus se positionne comme pionnier dans l’accompagnement des entreprises face aux défis de l’IA :

  • Analyse juridique : audit des pratiques et identification des risques.
  • Stratégie PI : dépôts ciblés, contrats, chartes internes.
  • Contentieux : expertise en litiges complexes, en France et à l’international.
  • Veille réglementaire : suivi constant des évolutions (AI Act, jurisprudence DABUS, directives européennes).

Conclusion – Anticiper pour innover sereinement

L’IA est une formidable opportunité, mais elle impose une vigilance juridique accrue. Entre droit d’auteur, marques, brevets, datasets et nouvelles obligations de l’AI Act, les entreprises doivent s’armer de solutions solides.

Avec le cabinet Dreyfus, transformez la complexité juridique en avantage compétitif durable.

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FAQ – IA et propriété intellectuelle

Une œuvre générée par IA est-elle protégée en Europe ?
Non, sauf si une intervention humaine significative la rend originale (directive Infosoc).

Puis-je déposer un logo généré par IA comme marque ?
Oui, mais uniquement après un audit de distinctivité et de similarités.

Une invention IA peut-elle être brevetée ?
Oui, si un inventeur humain est désigné, conformément aux pratiques de l’USPTO, de l’EPO et de l’INPI.

Qu’est-ce que l’opt-out TDM de la directive DSM ?
C’est la possibilité pour un auteur de s’opposer à l’extraction de ses œuvres par des IA via un signal technique lisible par machine.

Quelles sont les obligations de l’AI Act ?
Les modèles GPAI devront publier un résumé des datasets utilisés et respecter des obligations de transparence.

Qui est responsable en cas de contrefaçon générée par IA ?
Sans clause contractuelle claire, l’entreprise exploitante peut être tenue responsable.

Une charte interne IA est-elle obligatoire ?
Pas légalement, mais elle est fortement recommandée pour réduire les risques.

Combien coûte une action UDRP pour récupérer un nom de domaine IA ?
En moyenne 1 500 à 4 000 €, selon le prestataire et la complexité du litige.

Les offices reconnaissent-ils l’IA comme inventeur ?
Non. Tous les offices exigent un inventeur humain.

Comment intégrer l’IA dans une stratégie PI ?
Par des dépôts ciblés, des contrats solides et une veille active sur les outputs et datasets.

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L’intelligence artificielle peut-elle détenir des droits d’auteur ?

Introduction

L’essor rapide de l’intelligence artificielle (IA) a profondément transformé divers secteurs, notamment les industries créatives. Aujourd’hui, les systèmes d’IA sont capables de produire des œuvres d’art, de la musique, de la littérature et bien plus encore, soulevant une question fondamentale : l’intelligence artificielle peut-elle détenir des droits d’auteur ? Cette problématique touche au cœur du droit de la propriété intellectuelle et remet en question les notions traditionnelles d’auteur et de propriété des œuvres.

Comprendre le droit d’auteur

Définition et objectif

Le droit d’auteur est conçu pour protéger les droits des créateurs sur leurs œuvres originales, qu’il s’agisse de littérature, d’art, de musique ou d’autres formes d’expression créative. Il confère aux auteurs des droits exclusifs sur la reproduction, la distribution et la présentation de leurs créations, favorisant ainsi l’innovation et le développement culturel.

Critères de protection par le droit d’auteur

Pour qu’une œuvre bénéficie de la protection du droit d’auteur, elle doit remplir certains critères :

  • Originalité : L’œuvre doit être créée de manière indépendante et présenter un minimum de créativité.
  • Fixation : L’œuvre doit être fixée sur un support tangible permettant sa perception sur une durée non éphémère.

droits auteur fr

Le rôle de l’auteur humain

Créativité et originalité humaines

Traditionnellement, le droit d’auteur repose sur la créativité humaine. La notion d’auteur est intimement liée à l’intellect et à la personnalité humaine, l’œuvre reflétant l’expression unique de son créateur.

Précédents juridiques soulignant la nécessité d’un auteur humain

Plusieurs systèmes juridiques insistent sur l’importance de l’intervention humaine dans la création d’une œuvre. En France, par exemple, le Code de la propriété intellectuelle stipule que seules les personnes physiques peuvent être reconnues comme auteurs, excluant ainsi les entités non humaines de la titularité des droits d’auteur.

Les œuvres générées par l’IA : une perspective juridique

Le processus de création par une IA

Les systèmes d’intelligence artificielle, notamment ceux utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique, génèrent du contenu en analysant de vastes ensembles de données et en identifiant des schémas. Bien que le résultat puisse ressembler à des œuvres créées par des humains, il est produit par des processus computationnels sans intervention de la créativité humaine.

Études de cas et décisions judiciaires

Le statut juridique des œuvres générées par l’IA a fait l’objet de décisions judiciaires :

  • États-Unis : L’U.S. Copyright Office a systématiquement refusé d’accorder la protection du droit d’auteur aux œuvres qui ne présentent pas d’intervention humaine. Dans une affaire marquante, l’Office a rejeté l’enregistrement d’une œuvre créée par une IA, insistant sur le fait que le droit d’auteur protège « les fruits du travail intellectuel » fondés sur la créativité humaine.
  • Chine : À l’inverse, le Beijing Internet Court, dans une décision du 27 novembre 2023, a reconnu le droit d’auteur sur une image générée par une IA. Le tribunal a attribué la paternité de l’œuvre à la personne qui a fourni les instructions à l’IA, estimant que le choix et l’organisation des consignes constituaient une contribution intellectuelle suffisante pour justifier une protection par le droit d’auteur.

Approches internationales sur l’IA et le droit d’auteur

Aux États-Unis, l’Office du Copyright adopte une position stricte en exigeant une intervention humaine comme condition préalable à la protection du droit d’auteur. Son Compendium précise explicitement que les œuvres produites par une machine ou un processus mécanique sans intervention créative humaine ne sont pas éligibles à l’enregistrement.

L’Union européenne n’a pas encore établi une position unifiée sur les œuvres générées par l’IA. Toutefois, l’accent reste mis sur la créativité humaine, et les directives actuelles impliquent que le contenu généré par IA sans intervention humaine ne peut pas bénéficier de la protection du droit d’auteur. Cette approche a récemment été confirmée par le tribunal municipal de Prague, qui a jugé, le 11 octobre 2023, qu’une image créée à l’aide de l’outil d’IA DALL-E ne pouvait être protégée par le droit d’auteur en République tchèque. Le tribunal a estimé que, faute d’intervention créative humaine, le contenu généré par intelligence artificielle ne remplissait pas les critères nécessaires pour bénéficier de cette protection. Cette décision illustre la tendance européenne à considérer la paternité humaine comme un élément central du droit d’auteur.

En Chine, comme mentionné précédemment, certaines décisions judiciaires montrent une ouverture à la protection des œuvres générées par l’IA, mais sous réserve d’une implication humaine dans le processus de création.

Enjeux et considérations

Définir l’auteur d’une création produite par une IA

L’émergence de contenus générés par l’IA remet en question la définition traditionnelle de l’auteur. Il demeure complexe de déterminer qui détient les droits sur ces œuvres : le concepteur de l’IA, l’utilisateur qui fournit les instructions, ou l’IA elle-même ?

Implications pour le droit de la propriété intellectuelle

Les cadres juridiques actuels pourraient nécessiter des adaptations pour répondre aux défis posés par l’IA. Cela pourrait impliquer une réévaluation des concepts d’originalité, de créativité et de paternité afin que le droit d’auteur continue d’encourager l’innovation tout en protégeant les droits des créateurs humains.

Conclusion

Bien que l’intelligence artificielle ait accompli des avancées considérables dans les domaines créatifs, elle ne peut, en l’état actuel du droit, détenir de droits d’auteur. Le droit d’auteur est fondamentalement conçu pour protéger la créativité humaine, et l’IA, dépourvue de conscience et d’intention, ne remplit pas les critères requis pour être considérée comme un auteur.

À mesure que la technologie évolue, les systèmes juridiques devront sans doute repenser et redéfinir les notions d’auteur et de création pour relever les défis posés par les œuvres générées par l’IA.

Le cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle

Nathalie Dreyfus avec l’aide de toute l’équipe du cabinet Dreyfus

FAQ

1. Est-ce que l’IA a des droits d’auteur ?

Non, l’intelligence artificielle (IA) ne peut pas bénéficier de droits d’auteur. En droit français et européen, ainsi que dans la plupart des juridictions internationales comme aux Etats-Unis, la protection par le droit d’auteur est réservée aux œuvres créées par une personne physique. L’originalité, critère essentiel du droit d’auteur, suppose une empreinte intellectuelle humaine, ce qui exclut les créations générées de manière autonome par une IA. Toutefois, l’utilisateur ou le développeur d’une IA peut, sous certaines conditions, revendiquer des droits sur les œuvres produites si son intervention est déterminante dans le processus créatif.

2. Pourquoi l’IA menace le droit d’auteur ?

L’intelligence artificielle pose plusieurs défis juridiques et économiques au droit d’auteur. Tout d’abord, les algorithmes d’IA s’entraînent sur d’immenses bases de données contenant des œuvres protégées sans toujours obtenir l’autorisation des ayants droit. Cette utilisation soulève des questions de contrefaçon et de respect des licences. Ensuite, la facilité avec laquelle une IA peut générer des contenus (textes, images, musiques) brouille la distinction entre création humaine et machine, rendant plus complexe la reconnaissance et la protection des œuvres originales. Enfin, la prolifération de contenus générés par IA peut affecter la valeur économique des œuvres protégées en inondant le marché de productions sans auteur clairement identifié.

3. Est-ce que les images générées par IA sont libres de droit ?

Non, les images générées par IA ne sont pas systématiquement libres de droits. En l’absence de contribution humaine significative, ces images ne peuvent pas être protégées par le droit d’auteur selon la législation en vigueur. Cependant, elles peuvent être soumises à des restrictions contractuelles imposées par la plateforme ayant généré l’image. Par ailleurs, si une IA s’inspire d’œuvres existantes protégées pour produire une image, il existe un risque de violation des droits d’auteur. Il est donc essentiel de vérifier les conditions d’utilisation des images générées par IA et d’éviter toute exploitation commerciale sans s’assurer de leur statut juridique.

4. Quel est le lien entre le droit et l’intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle modifie profondément le cadre du droit d’auteur et plus largement de la propriété intellectuelle. Elle remet en question les principes fondamentaux de création et d’originalité, tout en soulevant des enjeux liés à la protection des œuvres utilisées pour entraîner les modèles d’IA. Les législateurs, notamment en Europe avec l’AI Act, cherchent à encadrer ces évolutions afin de garantir un équilibre entre innovation technologique et protection des droits des créateurs. En parallèle, de nouvelles pratiques émergent, comme l’attribution de droits à l’humain impliqué dans le processus créatif ou le développement de licences spécifiques pour les contenus générés par IA.

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Guide complet des obtentions végétales 2025 : protection, stratégies et valorisation

Guide pratique pour sélectionneurs, entreprises semencières et conseils en propriété intellectuelle

Dernière mise à jour : Septembre 2025

Les obtentions végétales représentent un enjeu économique majeur dans l’industrie semencière mondiale. Ce guide complet vous accompagne dans l’optimisation de vos stratégies de protection variétale, de la création au contentieux.

Qu’est-ce qu’une obtention végétale ?

Définition du certificat d’obtention végétale (COV)

Le certificat d’obtention végétale (COV) est un titre de propriété intellectuelle qui protège les variétés végétales nouvelles. Contrairement au brevet, il s’agit d’un système de protection sui generis spécialement adapté au vivant végétal.

Variétés protégeables :

  • Toutes les espèces botaniques (cultivées ou sauvages)
  • Variétés créées par sélection traditionnelle
  • Hybrides F1 et lignées parentales
  • Variétés issues de biotechnologies (sous conditions réglementaires)

Cadre juridique français et international

En France :

  • Articles L623-1 à L623-35 du Code de la propriété intellectuelle
  • Instance nationale des obtentions végétales (INOV) au GEVES
  • Comité technique permanent de la sélection (CTPS) : autorité consultative

Au niveau international :

  • Convention UPOV (Union pour la protection des obtentions végétales)
  • 76 pays membres en 2025
  • Acte de 1991 : standard de référence actuel

Au niveau européen :

  • Office communautaire des variétés végétales (OCVV) à Angers
  • Protection unitaire sur les 27 États membres
  • Règlement CE n° 2100/94

Durée de protection

Type de variété Durée de protection
Variétés agricoles standard 25 ans
Arbres fruitiers, forestiers, vignes 30 ans
Pommes de terre 30 ans

Source : Loi n° 2006-236 du 1er mars 2006

Les 4 critères DHS de protection

Pour être protégée, une variété doit satisfaire cumulativement aux 4 critères UPOV :

Distinction (D)

La variété doit se distinguer nettement de toute variété notoirement connue à la date de dépôt.

Méthode d’évaluation :

  • Comparaison avec les variétés de référence les plus proches
  • Observation de caractères morphologiques et physiologiques
  • Application des protocoles techniques UPOV spécifiques à chaque espèce

Variétés notoirement connues :

  • Variétés protégées dans tout pays
  • Variétés inscrites aux catalogues officiels
  • Variétés commercialisées publiquement
  • Variétés décrites dans des publications spécialisées

Homogénéité (H)

La variété doit être suffisamment homogène dans ses caractères pertinents, compte tenu de son mode de reproduction.

Standards d’homogénéité :

  • Variétés autogames : homogénéité très élevée (> 99%)
  • Variétés allogames : tolérance selon l’espèce
  • Variétés clonales : homogénéité quasi-parfaite

Stabilité (S)

La variété doit demeurer conforme à sa description après reproductions successives.

Démonstration :

  • Minimum 2 cycles de reproduction
  • Maintien des caractères distinctifs
  • Absence de ségrégation anormale

Nouveauté

La variété ne doit pas avoir été commercialisée avec l’accord de l’obtenteur :

  • Plus d’1 an avant le dépôt (territoire national)
  • Plus de 4 ans avant le dépôt (autres pays)
  • Plus de 6 ans pour arbres et vignes (autres pays)

Attention : La commercialisation par un tiers sans autorisation ne détruit pas la nouveauté.

Procédures de dépôt en France et en Europe

Protection nationale française

Autorité compétente : Instance nationale des obtentions végétales (INOV) au GEVES

Procédure :

  1. Dépôt de la demande avec questionnaire technique détaillé
  2. Examen formel : vérification de la complétude du dossier
  3. Essais DHS : examen officiel de distinction, homogénéité, stabilité
  4. Examen de la dénomination variétale
  5. Délivrance du certificat ou rejet motivé

Délais indicatifs :

  • Examen formel : 2-3 mois
  • Essais DHS : 2-3 saisons de culture
  • Durée totale : 24-36 mois

Protection européenne (OCVV)

Autorité compétente : Office communautaire des variétés végétales (OCVV)

Avantages :

  • Protection unitaire sur 27 pays UE
  • Procédure unique en français, anglais ou allemand
  • Coût optimisé pour une couverture européenne

Procédure similaire au dépôt national avec examen technique externalisé

Constitution du dossier technique

Questionnaire technique :

  • Description précise de la variété
  • Caractères distinctifs mis en évidence
  • Méthode de création ou découverte
  • Comparaisons avec variétés similaires

Matériel végétal requis :

  • Quantités selon protocoles UPOV
  • Pureté variétale certifiée (>98% généralement)
  • Faculté germinative conforme aux standards
  • Conditionnement adapté au transport et stockage

Documentation complémentaire :

  • Photographies représentatives
  • Analyses biochimiques (si pertinentes)
  • Données d’essais préliminaires
  • Généalogie de sélection

Stratégies de protection internationale

Choix de la stratégie territoriale

Option 1 : protection nationale

  • Public cible : PME, variétés de niche
  • Marchés : exploitation locale/régionale
  • Coûts : investissement limité (quelques milliers d’euros)

Option 2 : protection européenne OCVV

  • Public cible : entreprises moyennes/grandes
  • Marchés : commercialisation UE
  • Avantage : une procédure = 27 pays

Option 3 : protection multi-pays

  • Public cible : leaders mondiaux
  • Stratégie : dépôts coordonnés pays par pays
  • Cibles : USA, Canada, Australie, Japon, Brésil…

Planification temporelle

Timing optimal :

  • Protection précoce : dépôt dès la stabilisation variétale
  • Priorité Union : 12 mois pour étendre internationalement
  • Coordination : planifier les dépôts selon les saisons d’essais

Gestion de portefeuille

Approche segmentée :

  • Variétés stratégiques : protection large et défense active
  • Variétés de volume : protection ciblée marchés clés
  • Variétés émergentes : protection évolutive selon développement commercial

Valorisation commerciale et contrats

Modèles économiques

Exploitation directe

  • Production et commercialisation propre
  • Marges élevées mais investissements lourds
  • Contrôle total de la chaîne de valeur

Licences d’exploitation

  • Revenus récurrents sans investissement productif
  • Multiplication des débouchés commerciaux
  • Partage des risques avec les licenciés

Structuration des contrats de licence

Modalités de rémunération typiques :

Mode de calcul Fourchettes sectorielles
Forfait d’entrée 5 000 € – 50 000 €
Redevances sur CA semences 3% – 8%
Redevances par unité 0,10 € – 1 € par kg
Minimum garanti annuel 10 000 € – 100 000 €

Clauses essentielles :

  • Territoire : définition géographique précise
  • Exclusivité : exclusive, co-exclusive ou non-exclusive
  • Performance : objectifs de commercialisation
  • Qualité : standards de production et pureté

Contrats de recherche collaborative

Partenariats R&D :

  • Partage des coûts de développement variétal
  • Échange de ressources génétiques
  • Co-titularité des innovations créées

Points de négociation :

  • Répartition des droits selon les contributions
  • Territoires d’exploitation respectifs
  • Gestion des développements parallèles
  • Confidentialité des informations échangées

Défense des droits et contentieux

Surveillance du marché

Veille concurrentielle :

  • Monitoring des nouveaux dépôts sectoriels
  • Analyse génétique des variétés suspectes
  • Contrôles terrain chez distributeurs et producteurs

Détection de contrefaçon :

  • Analyses ADN : marqueurs moléculaires spécifiques
  • Expertise morphologique : comparaison des caractères DHS
  • Traçabilité documentaire : origine des semences

Actions en contrefaçon

Conditions de l’action :

  • Titre valable : COV en vigueur et annuités payées
  • Actes de contrefaçon : production, commercialisation sans licence
  • Variété identique : preuve de l’identité variétale

Mesures disponibles :

  • Saisie-contrefaçon : conservatoire ou au fond
  • Expertise judiciaire : analyses comparatives
  • Dommages-intérêts : réparation du préjudice subi
  • Mesures d’interdiction : cessation des actes illicites

Exceptions légales

Exception de recherche :

  • Recherche fondamentale libre sur variétés protégées
  • Limite : distinction avec essais pré-commerciaux

Privilège de l’agriculteur :

  • Auto-consommation : réutilisation de sa propre récolte
  • Espèces concernées : liste européenne limitative
  • Conditions : exploitation propre, redevance éventuelle

Évolutions technologiques et réglementaires

Nouvelles techniques de sélection (NBT)

Technologies émergentes :

  • Édition génomique (CRISPR-Cas9, TALEN)
  • Mutagénèse dirigée
  • Cisgénèse et techniques apparentées

Enjeux de brevetabilité

Les nouvelles techniques génomiques (NGT) soulèvent des questions inédites sur l’articulation entre obtentions végétales et brevets. Pour décrocher son brevet, un obtenteur devra avoir « démontré un apport technique qui dépasse la simple sélection », selon Nathalie Dreyfus, conseil en propriété industrielle expert près la Cour de cassation.

Impact des NGT sur la brevetabilité :

  • Facilitation des conditions : Les NGT permettent d’identifier et reproduire rapidement des mutations naturelles
  • Description technique : Possibilité de définir scientifiquement des inventions
  • Accès aux critères : Nouveauté, activité inventive et application industrielle plus facilement réunies

Risques et opportunités

Craintes juridiquement fondées : La crainte de certains obtenteurs, qui voient les NGT comme « un cheval de Troie aux brevets », est « juridiquement fondée », indique Nathalie Dreyfus. Le risque d’augmentation des brevets et la création d’un « enchevêtrement de droits » sont réels. Cette situation peut conduire « les semenciers à négocier des licences ou à s’exposer à des contentieux en cas d’utilisation non autorisée ».

Impact économique : Ce cumul de droits « se traduirait nécessairement par une hausse des coûts de transaction, et donc, à terme, par une augmentation du prix des semences ». Pour les agriculteurs, cette hausse « ne serait pas visible directement, mais intégrée dans le prix final des semences ».

Compensation possible : Toutefois, « si les NGT apportent de véritables bénéfices agronomiques (meilleure résistance aux maladies, réduction des besoins en intrants), l’investissement supplémentaire pourrait être compensé » par un recul des coûts de production et une meilleure rentabilité des exploitations. « Tout dépendra de l’équilibre entre l’augmentation des coûts (juridiques et commerciaux) et les gains techniques et économiques permis par les variétés NGT », sans oublier ceux environnementaux.

Limites de la brevetabilité

Traits non brevetables : Les traits natifs des plantes, c’est-à-dire ceux qui existent naturellement dans une espèce ou qui résultent de processus biologiques classiques, « ne sont pas brevetables en Europe », explique Nathalie Dreyfus. Tous les traits issus de NGT-1, considérés comme des techniques de sélection conventionnelle, ne répondront pas forcément aux critères de brevetabilité.

Coexistence des systèmes

Selon Nathalie Dreyfus, les deux systèmes de propriété intellectuelle peuvent poursuivre leur coexistence après une autorisation des NGT. Cette coexistence « permet de maintenir un équilibre et de garantir une protection efficace des innovations tout en préservant la liberté de sélection des semenciers », à condition de réserver les brevets « aux traits véritablement innovants, et non à des caractéristiques naturelles ou des modifications mineures ».

Position réglementaire :

  • UPOV : éligibilité des variétés NBT si critères DHS respectés
  • UE : négociations en cours entre Conseil (favorable aux brevets) et Parlement (opposition majoritaire)
  • Enjeu : équilibre entre innovation et accès au matériel génétique

Digitalisation des procédures

Innovations technologiques :

  • Phénotypage automatisé : capteurs IoT, drones, IA
  • Bases de données génomiques : caractérisation moléculaire
  • Blockchain : traçabilité et lutte anti-contrefaçon

Perspectives d’évolution :

  • Dématérialisation des procédures administratives
  • Harmonisation des standards techniques internationaux
  • Accélération des examens par l’IA

Guide pratique étape par étape

Phase pré-dépôt (6-12 mois avant)

Check-list technique :

  • Stabilisation variétale : homogénéité > seuil espèce
  • Tests DHS préliminaires : distinction confirmée
  • Recherche d’antériorités : variétés proches identifiées
  • Multiplication de semences : stocks pour essais officiels
  • Documentation technique : questionnaire préparé

Check-list stratégique :

  • Analyse marché : potentiel commercial évalué
  • Budget protection : coûts pluriannuels provisionnés
  • Stratégie territoriale : pays prioritaires définis
  • Dénomination : nom disponible vérifié

Procédure de dépôt

Planning type (exemple céréales d’hiver) :

Période Actions
Septembre N Dépôt demande + questionnaire
Octobre N Fourniture matériel végétal essais
Avril N+1 1ère saison d’observation
Septembre N+1 Complément matériel si nécessaire
Avril N+2 2ème saison d’observation
Septembre N+2 Décision finale attendue

Post-obtention

Gestion commerciale :

  • Stratégie de commercialisation définie
  • Partenaires distributeurs identifiés
  • Contrats de licence négociés
  • Plan marketing variétal déployé

Protection des droits :

  • Surveillance marché organisée
  • Échéances annuités calendées
  • Maintien lignées pures sécurisé
  • Procédures contentieuses préparées

Questions fréquemment posées

Combien coûte une protection d’obtention végétale ?

Coûts indicatifs France (hors conseil) :

  • Dépôt initial : 500-1 000 €
  • Essais DHS : 2 000-5 000 € selon espèce
  • Annuités de maintien : 200-500 € par an
  • Total sur 25 ans : 10 000-20 000 €

Peut-on protéger une variété déjà commercialisée ?

Non, sauf si la commercialisation :

  • Remonte à moins d’1 an (France)
  • Était sans l’accord de l’obtenteur (contrefaçon)
  • Concernait uniquement des essais à petite échelle

Quelle est la différence entre obtentions végétales et brevets face aux NGT ?

Impact des nouvelles techniques génomiques :

Critère Obtention végétale Brevet (avec NGT)
Objet Variété dans son ensemble Trait spécifique breveté
Accès matériel génétique Libre pour sélection Licence nécessaire si trait breveté
Coûts Redevances COV standards Potentielle hausse des coûts de transaction
Durée 25-30 ans 20 ans
« Semences de ferme » Droit maintenu Autorisation du détenteur du brevet requise

Enjeux économiques : Les NGT pourraient créer un « enchevêtrement de droits » augmentant les coûts de transaction. Cependant, les bénéfices agronomiques (résistance aux maladies, réduction d’intrants) pourraient compenser ces surcoûts.

Comment choisir entre protection nationale et européenne ?

Protection nationale si :

  • Budget limité (< 10 000 €)
  • Marché principalement français
  • Variété de niche locale

Protection européenne si :

  • Ambition commerciale européenne
  • Budget > 15 000 €
  • Variété à fort potentiel

Que dit la réglementation européenne sur les NGT et les brevets ?

État des négociations (septembre 2025) :

  • Conseil de l’UE : favorable à la brevetabilité des traits NGT
  • Parlement européen : opposition majoritaire aux brevets
  • Présidence danoise : priorité donnée au dossier pour fin 2025
  • Vote final : prévu premier semestre 2026

Points de débat :

  • Étiquetage des NGT tout au long de la chaîne
  • Coexistence cultures NGT/conventionnelles/bio
  • Articulation brevets/certificats d’obtention végétale

Position des professionnels : « Le COV doit rester l’alpha et l’oméga du métier de l’obtenteur », selon l’Union française des semenciers, tout en gardant l’accès aux brevets pour les « réelles innovations ».


Conclusion

Les obtentions végétales constituent un levier stratégique essentiel pour les acteurs de la filière semencière. Une approche professionnelle de la protection variétale, intégrant les dimensions technique, juridique et commerciale, conditionne la compétitivité et la rentabilité des investissements R&D.

L’évolution rapide des technologies de sélection et de l’environnement réglementaire nécessite un accompagnement spécialisé pour optimiser les stratégies de protection et de valorisation.

Dans un contexte de changement climatique et de défis alimentaires mondiaux, l’innovation variétale devient plus que jamais cruciale. Les obtentions végétales offrent le cadre juridique nécessaire pour protéger et valoriser ces innovations, tout en préservant l’équilibre entre droits privatifs et intérêt général.

Avertissement : Ce guide a une valeur purement informative. Les procédures, coûts et délais mentionnés sont indicatifs et susceptibles d’évoluer. Pour toute question spécifique à vos obtentions végétales, consultez un conseil en propriété intellectuelle spécialisé.

Besoin d’accompagnement ? Contactez nos experts en obtentions végétales


Ressources utiles

Liens officiels :

Documentation technique :

  • Protocoles d’examen UPOV par espèce
  • Guidelines OCVV pour demandeurs
  • Code de la propriété intellectuelle (articles L623-1 et suivants)
  • Jurisprudence en matière d’obtentions végétales

Actualités réglementaires :

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Forclusion par tolérance : quand l’inaction prive le titulaire de marque de son droit d’agir

Introduction

L’action en contrefaçon demeure l’outil privilégié de défense des titulaires de marques. Elle consacre l’exclusivité attachée au signe et permet de sanctionner toute appropriation illicite. Mais ce droit n’est pas absolu ; il peut s’éteindre par l’effet de la forclusion par tolérance.

Ce mécanisme, issu du droit européen et intégré dans le Code de la propriété intellectuelle, sanctionne l’inaction du titulaire qui, en connaissance de cause, laisse perdurer l’usage d’une marque postérieure pendant plus de cinq années consécutives. Le silence devient alors une véritable acceptation, entraînant l’irrecevabilité définitive de l’action en contrefaçon.

Les arrêts récents rendus par la Cour d’appel de Paris dans les affaires SWEET PANTS (11 juin 2025) et SCOTT (19 mars 2025) illustrent cette rigueur. Ils rappellent que la tolérance, volontaire ou non, peut coûter cher : la défense d’un portefeuille de marques exige une surveillance constante et une réactivité immédiate face aux atteintes.

Les fondements juridiques de la forclusion par tolérance

Définition et conditions légales

L’article L. 716-4-5 du Code de la propriété intellectuelle prévoit que l’action en contrefaçon d’une marque antérieure est irrecevable lorsque son titulaire a toléré, en connaissance de cause, pendant cinq années consécutives l’usage d’une marque postérieure enregistrée, pour les produits ou services concernés. L’exception est réservée aux cas où la marque postérieure a été déposée de mauvaise foi.

La CJUE a précisé que quatre conditions cumulatives doivent être réunies (CJUE, 22 sept. 2011, Budvar, C-482/09) :

  1. La marque postérieure doit être enregistrée.
  2. Son dépôt doit avoir été effectué de bonne foi.
  3. Elle doit avoir fait l’objet d’un usage effectif.
  4. Le titulaire de la marque antérieure doit avoir eu connaissance de l’enregistrement et de l’usage postérieur.

conditions forclusion tolérance

Rôle de la bonne foi et présomption légale

En vertu de l’article 2274 du Code civil, la bonne foi est toujours présumée. C’est donc au titulaire de la marque antérieure de démontrer que le dépôt postérieur a été effectué de mauvaise foi.

Illustrations jurisprudentielles récentes

L’affaire SWEET PANTS : la tolérance face à une exploitation massive

Dans son arrêt du 11 juin 2025 (Canada Goose International AG c. Sweet Pants SAS), la Cour d’appel de Paris a jugé irrecevables les actions en nullité et en contrefaçon engagées plus de cinq ans après l’enregistrement d’une marque française semi-figurative SWEET PANTS.

  • Usage avéré et sérieux : la marque a été exploitée dès 2012, avec une intensité croissante à partir de 2014 (campagnes publicitaires, boutiques dédiées, présence dans des grands magasins et sur des sites e-commerce majeurs).
  • Usage sous forme modifiée : de légères variations (fond coloré, mention « since 1982 ») n’altéraient pas le caractère distinctif du signe.
  • Connaissance de l’usage : la notoriété publique, la présence médiatique et la mise en demeure adressée dès 2016 par la demanderesse démontraient que celle-ci ne pouvait ignorer l’exploitation de la marque.
  • Portée sectorielle : la forclusion a été retenue pour les vêtements mais pas pour la chapellerie, l’usage de la marque sur les casquettes n’étant pas suffisamment démontré.

Cet arrêt souligne que même un acteur international actif (ici, Canada Goose) peut être privé de recours s’il laisse s’installer un usage concurrent sur le même segment de marché.

L’affaire SCOTT : la vigilance insuffisante d’un groupe structuré

Dans son arrêt du 19 mars 2025 (Bifratex SARL c. Scott Sports SA), la Cour d’appel de Paris a confirmé l’irrecevabilité d’une action en contrefaçon introduite sur la base de la marque verbale internationale SCOTT.

  • Exploitation continue : la marque postérieure semi-figurative SCOTT était exploitée publiquement depuis l’an 2000 sur le marché des vêtements de sport, en France et en Europe.
  • Bonne foi présumée : faute de preuve contraire, le dépôt de la marque postérieure a été considéré comme loyal.
  • Usage effectif : le signe « SCOTT » constituant l’élément central et distinctif, l’usage du mot seul suffisait à caractériser l’usage de la marque semi-figurative.
  • Connaissance imputée : la demanderesse et une société sœur américaine, toutes deux responsables du portefeuille du groupe, avaient déjà engagé des actions judiciaires et administratives contre la défenderesse. Les transferts successifs de la marque au sein du groupe ne pouvaient masquer cette connaissance.

La Cour a jugé que la tolérance de plus de cinq ans, dans un contexte de concurrence frontale et de gestion intragroupe, rendait l’action irrecevable.

Conséquences pratiques pour les titulaires de marques

Les risques d’une inaction prolongée

  • Perte définitive du droit d’agir en contrefaçon ou en nullité contre la marque postérieure.
  • Affaiblissement du portefeuille et coexistence forcée avec des signes concurrents.
  • Risque de dilution du caractère distinctif de la marque.
  • Condamnation éventuelle aux dépens et frais irrépétibles.

Les stratégies pour préserver ses droits

  • Mettre en place une surveillance active des dépôts et des usages sur le marché.
  • Réagir rapidement : opposition, action en nullité, mise en demeure.
  • Négocier des accords de coexistence ou de limitation d’usage si nécessaire.
  • Sensibiliser les équipes internes afin de détecter précocement tout usage conflictuel.

Conclusion

La forclusion par tolérance est loin d’être une notion théorique : les arrêts SWEET PANTS et SCOTT démontrent la rigueur avec laquelle les juridictions françaises l’appliquent. Elle rappelle aux titulaires de marques qu’une stratégie de protection ne saurait se limiter à l’enregistrement : elle exige une surveillance continue et une réactivité immédiate face aux atteintes.

Le cabinet Dreyfus & Associés accompagne ses clients dans l’identification des fondements juridiques les plus efficaces pour protéger et défendre leurs actifs immatériels.

Le cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle

Nathalie Dreyfus avec l’aide de toute l’équipe du cabinet Dreyfus

FAQ

1. Qu’est-ce que la forclusion par tolérance ?
C’est la perte du droit d’agir contre une marque postérieure lorsque son usage a été toléré pendant cinq ans, en connaissance de cause.

2. La mauvaise foi du déposant peut-elle écarter la forclusion ?
Oui, mais elle doit être prouvée par le titulaire de la marque antérieure, ce qui est rarement admis.

3. Comment la connaissance de l’usage est-elle établie ?
Par la notoriété publique, la publicité des usages, la coexistence sur les mêmes marchés ou les liens capitalistiques et procéduraux.

4. La tolérance d’une marque locale a-t-elle des effets internationaux ?
Oui, la forclusion s’applique dans chaque État membre où l’usage est établi.

5. À partir de quand court le délai de cinq ans ?
À compter de la connaissance de l’enregistrement et de l’usage effectif de la marque postérieure.

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ICANN : Un acteur stratégique pour les entreprises et les droits de propriété intellectuelle

Introduction

Pour les titulaires de marques et les professionnels de la propriété intellectuelle, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) occupe une place déterminante, bien que souvent méconnue, dans la protection des actifs numériques. En tant qu’organisme central chargé de coordonner le système mondial des noms de domaine (DNS), l’ICANN élabore des politiques et met en œuvre des mécanismes de règlement des litiges qui constituent des outils essentiels pour lutter contre le cybersquattage, protéger les marques et préserver la réputation en ligne des entreprises.

Comprendre le rôle de l’ICANN et savoir comment participer à ses processus décisionnels est devenu indispensable pour toute organisation soucieuse de protéger son identité numérique dans un environnement en constante mutation.

Le rôle de l’ICANN dans l’écosystème Internet

Créée en 1998, l’ICANN est une organisation à but non lucratif chargée de coordonner la gestion des bases de données liées aux espaces de noms et aux adresses numériques d’Internet. Ses missions incluent notamment :

L’ICANN ne contrôle pas les contenus diffusés sur Internet. Son rôle consiste à garantir que chaque nom de domaine soit unique, que le DNS reste fiable et que l’écosystème mondial fonctionne de manière stable et sécurisée.

Pourquoi l’ICANN est essentiel pour les titulaires de marques et les professionnels de la PI

Les procédures UDRP et URS

La procédure UDRP offre un mécanisme global et relativement peu coûteux permettant de récupérer des noms de domaine enregistrés de mauvaise foi.

Le système URS, plus rapide mais limité à la suspension temporaire d’un domaine litigieux, complète l’arsenal des titulaires de droits. Ensemble, ces procédures représentent des outils incontournables de lutte contre le cybersquattage.

Le Trademark Clearinghouse (TMCH)

Le TMCH constitue une base de données centralisée où les titulaires de marques peuvent enregistrer leurs droits. Cela leur permet :

  • d’être alertés en cas de tentative d’enregistrement similaire lors du lancement d’un nouveau gTLD ;
  • de bénéficier d’un accès prioritaire (période de Sunrise) pour protéger leurs marques dès l’ouverture d’une nouvelle extension.

Les TLD de marque et la nouvelle vague de gTLD

L’expansion des gTLD, incluant les TLD de marque (par ex. .google, .sky, .canon), offre aux entreprises la possibilité de contrôler leur propre espace numérique et de renforcer la confiance des consommateurs. La prochaine vague de candidatures, prévue dans les années à venir, exigera anticipation et stratégie.

Les données WHOIS et l’accès aux informations d’enregistrement

Depuis l’entrée en vigueur du Règlement Général sur la protection des données (RGPD), l’accès public aux données WHOIS a été fortement restreint. L’ICANN développe actuellement le Registration Data Request Service (RDRS) afin d’encadrer les demandes d’accès. Pour les titulaires de droits, suivre et contribuer à ces débats est essentiel, car l’accès à ces informations demeure une condition clé de la défense des marques.

La participation au modèle multipartite de l’ICANN

L’ICANN fonctionne selon un modèle de gouvernance multipartite, où gouvernements, entreprises, experts techniques et société civile contribuent à l’élaboration des politiques. Les intérêts des titulaires de droits sont principalement représentés au sein de la Business Constituency (BC) et de la Intellectual Property Constituency (IPC) de la Generic Names Supporting Organization (GNSO). Ces groupes :

  • Plaident pour des politiques équilibrées respectant les droits des marques ;
  • Influent sur le développement de nouveaux mécanismes de règlement des différends ;
  • Participent à l’examen des politiques de noms de domaine et des accords avec les registries.

Une implication active dans ces forums permet d’influencer directement les décisions ayant un impact sur la protection des marques et la gouvernance du DNS.

Implications stratégiques pour la politique numérique des entreprises

Pour les entreprises, notamment celles ayant une présence mondiale ou vulnérables à l’imitation, les politiques de l’ICANN ne sont pas des questions de gouvernance abstraites : elles sont des outils pratiques. Une stratégie proactive devrait inclure :

  • La surveillance des évolutions des politiques d’ICANN et des nouvelles vagues de gTLD;
  • L’enregistrement des marques clés dans le TMCH;
  • la constitution d’un portefeuille solide de noms de domaine couvrant les marchés stratégiques;
  • l’usage actif des mécanismes UDRP/URS pour faire respecter les droits;
  • La participation à l’IPC ou le recours à des conseillers actifs dans les groupes de politique d’ICANN.

strategies marques icann

ICANN est plus qu’un organisme technique ; c’est un forum mondial où l’avenir de l’infrastructure de nommage d’Internet est façonné. Pour les entreprises soucieuses de protéger leur identité de marque et de minimiser les risques numériques, une participation proactive aux processus d’ICANN n’est plus optionnelle. Elle constitue une dimension essentielle de la gestion moderne de la PI.

Comment le cabinet Dreyfus peut vous aider avec les questions liées à l’ICANN

Chez Dreyfus & Associés, nous comprenons le rôle essentiel que joue l’ICANN dans la gestion du système de noms de domaine mondial et la protection des actifs numériques. À mesure que les entreprises font face à des défis croissants liés au cybersquattage, à la contrefaçon de marques et à la protection de la marque dans l’espace numérique, notre cabinet offre une expertise sur mesure pour vous aider à naviguer dans les politiques complexes d’ICANN et garantir la conformité avec les normes numériques internationales.

Règlement des litiges

Nous vous guidons dans l’utilisation des procédures UDRP et URS afin de récupérer ou suspendre des noms de domaine enregistrés en violation de vos droits.

Protection des marques numériques

Nous assurons l’inscription de vos marques dans le TMCH et vous conseillons sur l’opportunité de candidater à un TLD de marque, en particulier dans la perspective du prochain cycle de candidatures prévu pour 2026.

Accès aux données et conformité

Nous vous accompagnons dans l’utilisation du RDRS et dans vos démarches d’accès aux données WHOIS, en veillant à la conformité avec le RGPD.

Représentation stratégique

En tant que membre actif de l’IPC, notre cabinet représente vos intérêts dans les discussions d’ICANN et vous aide à formuler des commentaires publics pour influencer les futures politiques.

Stratégie numérique globale

Nous surveillons pour vous les développements d’ICANN, optimisons la gestion de vos portefeuilles et vous préparons à l’Acceptation universelle (UA), condition essentielle pour une présence numérique inclusive et performante.

Conclusion

Chez Dreyfus, nous fournissons des conseils juridiques et stratégiques complets aux entreprises qui naviguent dans les complexités des systèmes d’ICANN, du règlement des litiges relatifs aux noms de domaine à la protection des marques et à l’application des droits de propriété intellectuelle. Que vous traitiez de la récupération de noms de domaine, des nouveaux gTLDs ou de la conformité aux réglementations sur l’accès aux données WHOIS, Dreyfus est là pour vous accompagner.

Pour des conseils juridiques spécialisés sur les questions liées à ICANN, contactez le Cabinet Dreyfus. Notre équipe expérimentée est dédiée à la protection de votre présence numérique et de vos droits de propriété intellectuelle dans un environnement en ligne en constante évolution.

Le cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle.

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Nathalie Dreyfus avec l’aide de toute l’équipe du cabinet Dreyfus.

 

FAQ

1. Quel est le rôle d’ICANN dans le règlement des différends liés aux marques ?
ICANN administre des mécanismes spécialisés, tels que la UDRP (Uniform Domain Name Dispute Resolution Policy) et la URS (Uniform Rapid Suspension System). Ces procédures permettent aux titulaires de marques de récupérer ou de suspendre rapidement des noms de domaine enregistrés et utilisés de mauvaise foi, sans avoir à recourir aux juridictions nationales.

2. Comment un titulaire de marque peut-il protéger ses droits lors du lancement de nouveaux gTLD ?
En enregistrant ses marques dans le Trademark Clearinghouse (TMCH), il bénéficie d’alertes précoces et de l’accès prioritaire aux noms de domaine correspondants pendant les périodes de Sunrise, ce qui lui permet de sécuriser ses droits avant l’ouverture au grand public.

3. ICANN peut-elle aider à identifier les titulaires de noms de domaine depuis l’entrée en vigueur du RGPD ?
De manière indirecte. Depuis la limitation d’accès aux données WHOIS, ICANN a lancé le Registration Data Request Service (RDRS), un système permettant aux titulaires de droits et aux autorités de solliciter l’accès aux données d’enregistrement, dans un cadre conforme au RGPD.

4. Que sont les TLD de marque et pourquoi restent-ils stratégiques ?
Les TLD de marque (par ex. .canon, .gucci) sont des extensions Internet réservées et exploitées par des entreprises pour contrôler totalement leur espace de nommage. Ils permettent d’assurer une communication sécurisée, cohérente et valorisante autour de la marque. Leur pertinence demeure intacte à l’approche de la prochaine vague de candidatures de gTLD.

5. Comment une entreprise ou un cabinet juridique peut-il s’impliquer dans les travaux d’ICANN ?
La participation est possible à travers la Business Constituency (BC) ou l’Intellectual Property Constituency (IPC), deux groupes influents au sein de l’ICANN. Il est également possible de contribuer aux consultations publiques organisées régulièrement par l’organisation, directement ou par l’intermédiaire de conseils spécialisés.

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Peut-on gagner une opposition sans marque locale ? L’apport décisif de la Convention interaméricaine de 1929

Introduction : un paradoxe en droit des marques

En principe, les droits de marque sont territoriaux : pour s’opposer à l’enregistrement d’un signe dans un pays, il faut disposer d’un droit préexistant dans ce même territoire. Pourtant, dans l’espace interaméricain, une exception existe. Grâce à la Convention générale interaméricaine de 1929, il est possible d’obtenir le rejet d’une demande de marque, même sans titre enregistré localement, dès lors que certaines conditions sont réunies.

La Convention Interaméricaine de 1929 : un instrument méconnu mais puissant

La General Inter-American Convention for Trade Mark and Commercial Protection, adoptée à Washington en 1929, regroupe actuellement neuf États parties ayant ratifié la Convention : les États-Unis, Colombie, Cuba, Guatemala, Haïti, Honduras, Nicaragua, Panama, Paraguay et Pérou. Ces pays se sont officiellement engagés à appliquer ses dispositions, ce qui leur permet de bénéficier des mécanismes de protection et d’opposition prévus par la Convention.

En revanche, certains signataires de la Convention, tels que la Bolivie, le Brésil, le Chili, le Costa Rica, la République dominicaine, l’Équateur, le Mexique, l’Uruguay et le Venezuela, ont simplement signé le texte sans procéder à sa ratification. Ainsi, bien que leur signature marque une volonté de soutenir le principe de la protection des marques à l’échelle interaméricaine, ces pays ne sont pas juridiquement contraints d’appliquer les règles de la Convention, notamment le mécanisme d’opposition.

L’objectif principal de la Convention est d’offrir une protection efficace contre les dépôts abusifs au sein des États contractants. Elle complète et renforce la Convention de Paris en introduisant un mécanisme d’opposition unique. Ce mécanisme repose non seulement sur l’existence d’un enregistrement de marque, mais aussi sur la connaissance du signe antérieur par le déposant et le risque de confusion. Ce système permet ainsi une protection plus large, en réduisant le besoin d’un enregistrement local, contrairement à la Convention de Paris qui repose principalement sur la priorité d’enregistrement.

L’article 7 : opposer un dépôt sans droit local

Les conditions de mise en œuvre

L’article 7 autorise un titulaire à s’opposer à l’enregistrement d’un signe similaire dans un autre État contractant, à condition de démontrer :

  • qu’il dispose d’un droit protégé (par enregistrement ou usage) dans l’un des États parties ;
  • que le déposant contesté avait connaissance de ce droit au moment de son dépôt ;
  • que les produits ou services visés sont liés et susceptibles d’entraîner une confusion.

conditions opposition

La preuve de la connaissance du signe antérieur

L’élément central réside dans la connaissance. En effet, il ne s’agit pas de prouver une renommée mondiale, mais d’apporter des indices concrets (contrats commerciaux, échanges de courriels, participation à des salons, diffusion publicitaire, présence sur le marché régional). Cet aspect différencie fondamentalement la Convention Interaméricaine de 1929 des standards de la Convention de Paris.

Exemples concrets et jurisprudence récente

  • Affaire COHIBA (2022-2025, États-Unis) : le titulaire cubain a obtenu la radiation de marques enregistrées par un tiers aux États-Unis, sur le fondement de la Convention interaméricaine de 1929. Les juges ont reconnu que la connaissance du signe et la confusion primaient sur l’absence d’un enregistrement local antérieur.
  • Opposition SULA (2020, TTAB) : l’invocation des articles 7 et 8 par un titulaire hondurien a été examinée par le Bureau américain. Même si la demande a échoué sur la similarité des produits, le principe a été validé : l’usage dans un État contractant peut suffire à contester un dépôt dans un autre.

Ces décisions illustrent la vitalité d’un texte parfois considéré comme obsolète, mais toujours mobilisable pour prévenir les dépôts parasitaires.

Enjeux stratégiques pour les titulaires de marques

L’application de la Convention de 1929 présente plusieurs avantages :

  • Neutraliser un dépôt de mauvaise foi sans devoir enregistrer préalablement la marque dans tous les États contractants.
  • Accélérer les oppositions grâce à un fondement juridique clair et reconnu.
  • Réduire les coûts de protection internationale, en concentrant les dépôts dans les pays stratégiques tout en bénéficiant d’un bouclier conventionnel dans les autres.

En revanche, cette protection suppose une préparation probatoire solide et la maîtrise des délais procéduraux de chaque office.

Conclusion

Il n’est pas toujours nécessaire de justifier d’un droit de marque local pour gagner une opposition : la Convention interaméricaine de Washington de 1929 en fournit la preuve. Cet outil, encore sous-exploité, doit être intégré à toute stratégie de protection des marques opérant entre l’Amérique latine et les États-Unis.

Le cabinet Dreyfus & Associés accompagne ses clients dans l’identification des fondements juridiques les plus efficaces pour protéger et défendre leurs actifs immatériels.

Le cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle

Nathalie Dreyfus avec l’aide de toute l’équipe du cabinet Dreyfus

 

FAQ

1. Quels pays sont parties à la Convention interaméricaine de 1929 ?
Dix pays, dont les États-Unis, Cuba, Colombie, Guatemala, Haïti, Honduras, Nicaragua, Panama, Paraguay et Pérou.

2. Faut-il enregistrer sa marque localement pour bénéficier de la Convention ?
Non. Un enregistrement ou un usage reconnu dans un État contractant peut suffire pour former opposition ailleurs.

3. Quelle différence avec la Convention de Paris ?
La Convention de Paris impose souvent la preuve d’une notoriété. Ici, seule la connaissance par le déposant et la confusion sont requises.

4. Comment prouver la connaissance du signe par le déposant ?
Par tout élément objectif : échanges commerciaux, contrats, salons professionnels, campagnes publicitaires régionales.

5. Peut-on invoquer la Convention en dehors des pays signataires ?
Non, son effet est strictement limité aux États contractants.

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Phase 1 : quels sont les changements de la réforme européenne des dessins et modèles?

Introduction

Depuis le 1er mai 2025, la première phase de la réforme du règlement européen sur les dessins et modèles (EUDR) est entrée en vigueur, introduisant des modifications importantes du système de protection des dessins et modèles au sein de l’Union Européenne. Ces changements visent à moderniser et simplifier la protection des dessins et modèles, renforçant ainsi la certitude juridique et l’accessibilité pour les entreprises et créateurs.

Aperçu des changements de la phase 1

A. Définitions étendues et portée de la protection

La réforme clarifie et élargit les définitions de « dessin » et de « produit », en spécifiant les exigences de visibilité et la portée de la protection. En particulier, le critère de « l’utilisateur informé » (une personne dotée d’un niveau d’attention supérieur à celui du consommateur moyen, mais sans posséder l’expertise d’un spécialiste du secteur) est désormais défini de manière explicite, fournissant des lignes directrices plus claires pour évaluer les violations de dessins et modèles.

B. Améliorations procédurales

Les nouvelles lignes directrices d’examen de l’EUIPO tiennent compte de ces changements législatifs, simplifiant ainsi les procédures et alignant les pratiques avec les régulations mises à jour. Les frais relatifs aux dessins de l’Union Européenne sont précisés à l’Annexe 1 du règlement : il n’existe plus de frais distincts pour l’enregistrement et la publication, un seul frais de dépôt couvrant désormais les deux. De plus, les coûts de renouvellement échelonnés pour chaque période incluent une augmentation plus importante pour les troisièmes et quatrièmes périodes de renouvellement mesure critiquée par certains acteurs du secteur, mais destinée à garantir que seuls les dessins de l’UE effectivement utilisés sur le marché demeurent enregistrés.

De plus, la réforme introduit un report harmonisé de publication, permettant aux déposants de différer la publication de leur dessin jusqu’à 30 mois après le dépôt, offrant ainsi une confidentialité prolongée et uniforme dans toute l’Union européenne, avant que la publication automatique ne soit déclenchée.

Implications pour les entreprises

A. Impact sur les titulaires de dessins et modèles et les demandeurs

Les entreprises titulaires de dessins et modèles enregistrés ou qui en déposent dans l’UE bénéficieront d’un processus d’enregistrement plus simple et prévisible. Les définitions clarifiées et les procédures simplifiées réduisent les incertitudes et facilitent la gestion stratégique des droits de propriété intellectuelle.

B. Considérations stratégiques

Les entreprises doivent revoir leurs portefeuilles de dessins existants afin de s’assurer qu’ils sont conformes aux nouvelles régulations. Cela peut inclure la réévaluation des stratégies de protection des dessins et l’enregistrement de nouveaux dessins pour tirer parti de la portée élargie de la protection.

Gestion des litiges et des oppositions

A. Renforcement de la certitude juridique

La réforme introduit des critères plus clairs pour évaluer les violations de dessins, en s’appuyant notamment sur le critère de l’«utilisateur informé », qui évalue les similitudes sur l’apparence globale du produit du point de vue d’une personne connaissant le marché et les dessins, modèles existants. Cela devrait faciliter la résolution des litiges et réduire le risque de contentieux prolongés. Ces clarifications bénéficient à la fois aux titulaires de droits et aux présumés contrefacteurs, en offrant un cadre juridique plus prévisible.

B. Impact sur les mécanismes d’opposition

La réforme mise à jour simplifie les procédures d’opposition en harmonisant les délais, en allégeant le formalisme des notices, en clarifiant les motifs d’opposition et en permettant un dépôt et un suivi entièrement électroniques. Ces changements pourraient conduire à une résolution des conflits plus rapide et plus efficace. Les entreprises devraient envisager d’engager des procédures d’opposition de manière proactive pour protéger leurs droits de dessins et tirer pleinement parti de ce cadre simplifié.

Perspectives futures : Phase 2 (effectivité à partir de juillet 2026)

A. Changements prévus

La phase 2 de la réforme, dont la mise en œuvre est prévue pour juillet 2026, devrait introduire des améliorations supplémentaires, telles que :

  • Représentation unifiée : Permettre à un représentant d’agir à la fois dans les affaires de marques et de dessins, sans nécessiter des qualifications distinctes.
  • Renforcement des mécanismes d’application : Renforcer les outils disponibles pour l’application des droits sur les dessins et modèles, y compris les mesures douanières et la coopération avec les autorités fiscales.

eu dessin modèle

B. Étapes préparatoires pour les entreprises

Les entreprises doivent commencer à se préparer à ces changements à venir en :

  • Formant les équipes juridiques : S’assurer que les conseillers juridiques internes et les représentants sont informés des futures réformes.
  • Révisant les stratégies d’application : Évaluer les pratiques d’application actuelles pour identifier les domaines susceptibles d’être améliorés à l’approche de la phase 2.

Conclusion

La première phase de la réforme des dessins de l’UE marque une étape significative dans la modernisation de la protection des dessins au sein de l’Union européenne. Les entreprises doivent prendre des mesures proactives pour comprendre et s’adapter à ces changements afin de maximiser les avantages du cadre mis à jour.

Le cabinet Dreyfus et Associés accompagne ses clients dans la gestion de dossiers de propriété intellectuelle complexes, en proposant des conseils personnalisés et un soutien opérationnel complet pour la protection intégrale de la propriété intellectuelle.

Le cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle.

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Nathalie Dreyfus avec l’aide de toute l’équipe du cabinet Dreyfus.

 

FAQ

1. Quels sont les principaux changements apportés par la phase 1 de la réforme des dessins de l’UE ?

La phase 1 introduit des définitions clarifiées du « dessin » et du « produit », précise les exigences de visibilité et met à jour les lignes directrices procédurales pour simplifier le processus d’enregistrement.

2. Comment ces changements affectent-ils les entreprises titulaires de dessins enregistrés dans l’UE ?

Les entreprises bénéficieront d’un processus d’enregistrement plus prévisible et d’une protection des dessins élargie, avec des critères plus clairs pour l’infraction.

3. Quel impact ces réformes ont-elles sur la gestion des litiges de dessins ?

Les réformes apportent une plus grande certitude juridique, facilitant la résolution rapide des litiges et des oppositions.

4. Que peut-on attendre de la phase 2 de la réforme des dessins de l’UE ?

La phase 2, prévue pour juillet 2026, introduira une représentation unifiée et renforcera les mécanismes d’application des droits sur les dessins.

5. Comment les entreprises peuvent-elles se préparer pour la phase 2 de la réforme ?

Les entreprises doivent commencer à former leurs équipes juridiques et à revoir leurs stratégies d’application pour se conformer aux changements attendus.

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ICANN annonce les prestataires de résolution de litiges pour le prochain round de nouveaux gTLDs : ce que les entreprises doivent savoir

Le 3 juillet 2025, l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a annoncé la sélection officielle des prestataires de services de résolution des litiges (Dispute Resolution Service Providers – DRSPs) pour le prochain cycle du programme des nouveaux gTLDs (generic Top-Level Domains) (source ICANN).

Parmi ces prestataires figurent deux acteurs majeurs :

  • l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI / WIPO)
  • la Chambre de Commerce Internationale (ICC)

Cette désignation marque une étape clé dans la préparation du prochain round, dont l’ouverture des candidatures est prévue pour avril 2026. Pour les entreprises, il est temps d’anticiper : ces procédures détermineront qui pourra contester une candidature et sur quels fondements.


Contexte : pourquoi un système de résolution des litiges ?

Le programme des new gTLDs, lancé pour la première fois en 2012, permet à des entreprises ou organisations de déposer leur propre extension (.brand, .shop, .wine, etc.).

Cependant, ce processus peut donner lieu à des litiges. Exemple :

  • Une entreprise A demande le dépôt de .brandX.
  • Une entreprise B, déjà titulaire de la marque BrandX, peut déposer une objection pour défendre ses droits.

Ces litiges sont confiés à des prestataires spécialisés désignés par l’ICANN afin de garantir une procédure impartiale, experte et rapide.

Les prestataires désignés en juillet 2025

WIPO (World Intellectual Property Organization)

L’OMPI a été confirmée comme prestataire exclusif pour :

  • les Legal Rights Objections (LRO) : lorsqu’un gTLD porte atteinte à une marque ou un droit antérieur ;
  • les String Confusion Objections (SCO) : lorsqu’un gTLD est trop similaire à un autre déjà demandé.

👉 Lors du précédent cycle (2012), la WIPO a administré 69 cas d’objections basées sur des droits légaux (source WIPO).

Avec plus de 75 000 litiges de noms de domaine traités depuis 1999 dans le cadre de la politique UDRP, et une coopération avec plus de 85 registres nationaux (ccTLDs), l’OMPI s’impose comme un acteur de référence.

ICC (International Chamber of Commerce)

La Chambre de Commerce Internationale (source ICC) sera compétente pour :

  • les Objections basées sur l’intérêt public (Public Interest Objections),
  • les Objections communautaires (Community Objections).

L’ICC apporte son expertise en arbitrage et médiation internationale, avec une solide expérience dans la gestion de litiges complexes à portée mondiale.

Les étapes de sélection des DRSPs

  • Novembre 2024 : ICANN lance un Request for Information (RFI) pour identifier les prestataires potentiels (source ICANN).
  • Mars 2025 : lancement du Request for Proposal (RFP) pour la sélection officielle (source ICANN).
  • 3 juillet 2025 : annonce officielle de la sélection (WIPO et ICC).

Pourquoi c’est stratégique pour les entreprises

L’annonce de juillet 2025 n’est pas qu’un détail administratif. Elle a un impact direct pour les candidats au prochain round gTLD :

  1. Prévisibilité : les règles du jeu sont désormais claires (qui juge, sur quels fondements).
  2. Sécurité juridique : recours possibles en cas d’atteinte à des marques ou à l’intérêt public.
  3. Stratégie défensive : les titulaires de marques peuvent anticiper des objections ciblées.
  4. Stratégie offensive : les candidats peuvent préparer leur dossier en minimisant les risques d’objections.

Checklist : êtes-vous prêts pour le prochain round ICANN ?

Audit de portefeuille : identifier les marques sensibles et extensions stratégiques.

Définir une stratégie : offensive (.brand) ou défensive (sécuriser certaines extensions).

Préparer un budget : frais ICANN, assistance juridique, éventuelles procédures d’objection.

Mettre en place une surveillance : suivre les candidatures concurrentes dès leur publication.

Anticiper les délais : le traitement complet d’un dossier peut prendre jusqu’à 15 mois.

Études de cas

  • Multinationale du luxe : accompagnée lors du round 2012 pour déposer un .brand et éviter les risques de confusion avec des extensions similaires.
  • ETI technologique : mise en place d’une stratégie défensive avec surveillance continue des candidatures concurrentes.
  • Start-up e-commerce : assistance dans une procédure UDRP pour récupérer un nom de domaine stratégique enregistré par un tiers.

👉 Ces cas montrent que la réussite passe par une anticipation juridique et stratégique, adaptée à la taille et au secteur de chaque entreprise.


Le rôle de Dreyfus

Depuis plus de 20 ans, Dreyfus accompagne les entreprises dans la protection de leurs marques et noms de domaine.

  • Expertise dans les procédures UDRP, URS, Syreli.
  • Participation aux instances internationales (ICANN, INTA).
  • Reconnaissance internationale (IP Stars, Top 250 Women in IP).

Le cabinet propose un accompagnement complet :

  • audit de portefeuille,
  • préparation et dépôt de candidatures gTLD,
  • gestion des litiges (LRO, SCO, UDRP),
  • mise en place de stratégies défensives et offensives.

FAQ – Dispute resolution & gTLDs

Qu’est-ce qu’une Legal Rights Objection (LRO) ?
Une procédure permettant à un titulaire de droits de s’opposer à une candidature gTLD portant atteinte à ses marques.

Qu’est-ce qu’une String Confusion Objection (SCO) ?
Une objection fondée sur la similarité excessive entre deux extensions, créant un risque de confusion.

Qui sont les prestataires désignés par l’ICANN en 2025 ?
La WIPO (exclusivement pour LRO et SCO) et l’ICC (pour objections communautaires et d’intérêt public).

Quelle différence entre LRO et UDRP ?

  • LRO : concerne les candidatures de nouveaux gTLDs.
  • UDRP : concerne les litiges sur les noms de domaine existants.

Combien coûte une objection ?
Les frais varient selon le type d’objection et le prestataire (WIPO ou ICC). Une planification budgétaire est indispensable.


Conclusion

L’annonce de l’ICANN du 3 juillet 2025 est une étape clé dans la préparation du prochain round de nouveaux gTLDs. La désignation de la WIPO et de l’ICC comme prestataires de résolution de litiges confirme l’importance d’anticiper juridiquement et stratégiquement les risques.

👉 Les entreprises doivent dès maintenant auditer leur portefeuille, définir une stratégie et s’entourer de conseils experts.

Dreyfus se tient aux côtés des entreprises pour transformer ces défis en opportunités et garantir la protection de leurs marques dans le nouvel espace numérique.


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Le projet de Règlement européen pour les plantes issues des nouvelles techniques génomiques (NGT) : Quels enjeux pour les semenciers et les agriculteurs ?

Introduction

Les nouvelles techniques génomiques (NGT) offrent des possibilités révolutionnaires pour la modification des plantes, permettant des modifications génétiques précises, rapides et plus ciblées que les techniques de sélection conventionnelle. Ces innovations apportent des solutions pour une agriculture plus résiliente et durable, face aux défis environnementaux mondiaux, comme la résistance aux maladies ou l’adaptation au changement climatique. Toutefois, leur essor soulève d’importantes interrogations juridiques, éthiques et économiques.

Le projet de Règlement européen relatif aux NGT, proposé par la Commission européenne en juillet 2023, représente un tournant décisif dans la régulation des biotechnologies végétales en Europe. Toutefois, un désaccord majeur entre le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil européen complique l’adoption de ce règlement, le rendant incertain.

Définition et portée des NGT

Les nouvelles techniques génomiques (NGT) désignent des méthodes permettant de modifier précisément le génome des plantes, c’est-à-dire leur organisme génétique. Contrairement aux techniques traditionnelles de sélection, les NGT permettent d’opérer des modifications ciblées sur des gènes spécifiques. Parmi elles, CRISPR-Cas9 est la plus connue, permettant de couper et modifier des segments d’ADN avec une grande exactitude. Cette technologie ouvre la voie à des traits d’intérêt tels que la résistance aux maladies ou la tolérance à des conditions climatiques extrêmes. Cela représente une avancée majeure pour l’agriculture et pourrait transformer la production végétale, tout en offrant des solutions plus durables face aux défis environnementaux.

Le cadre juridique actuel : COV et brevets

Le système du certificat d’obtention végétale (COV)

En Europe, les semenciers bénéficient de protections juridiques sous forme de certificat d’obtention végétale (COV). Ce système permet aux obtenteurs de nouvelles variétés de protéger leurs inventions, garantissant ainsi leur rémunération et encourageant l’innovation. Toutefois, une exception importante existe : l’exception de sélection, qui permet de créer de nouvelles variétés en utilisant des plantes protégées par un COV. Cela permet aux semenciers d’avoir une certaine liberté dans leur travail d’innovation, sans risquer de violer les droits des obtenteurs précédents.

La coexistence avec les brevets

Alors que dans d’autres régions du monde, comme aux États-Unis, des variétés complètes peuvent être brevetées, l’Europe reste plus stricte. En vertu de l’article L611-10 du Code de la Propriété Intellectuelle, un brevet peut être accordé pour une invention qui répond aux trois conditions suivantes : la nouveauté, l’activité inventive et l’application industrielle. Ainsi, en France et en Europe, les brevets ne s’appliquent qu’à des traits spécifiques ou à des méthodes techniques d’amélioration, et non aux variétés complètes. Par exemple, un semencier peut avoir un COV pour une variété particulière de tomate, mais un brevet pourrait être déposé pour un gène spécifique qui améliore la résistance de cette variété à une maladie.

COV brevets

L’impact du projet de Règlement européen sur les NGT

Position du Parlement européen et du Conseil

Le projet de règlement européen sur les NGT, proposé par la Commission européenne, se trouve dans une situation de tension politique. Le Parlement européen exprime des préoccupations majeures, notamment sur la brevetabilité des plantes issues des NGT. Il craint que la multiplication des brevets sur des éléments du vivant puisse freiner l’innovation et accroître les coûts pour les agriculteurs. De son côté, la Commission européenne et le Conseil européen soutiennent que certaines innovations génétiques issues des NGT doivent pouvoir être protégées par des brevets en plus des COV. Cela permettrait de garantir un retour sur investissement pour les semenciers, tout en assurant que les recherches génétiques puissent être rentabilisées.

Conséquences pour les semenciers et les agriculteurs

Si la position du Parlement est adoptée, la brevetabilité des traits génétiques issus des NGT serait exclue, ce qui limiterait la capacité des semenciers à tirer un revenu des innovations apportées par ces techniques. Cela pourrait réduire l’incitation à investir dans la recherche génétique, avec des conséquences directes sur le coût des semences pour les agriculteurs. En revanche, un système hybride (qui intégrerait les brevets sur certains traits) complexifierait le marché et pourrait entraîner une augmentation des coûts des semences, que les agriculteurs seraient alors amenés à supporter.

Les préoccupations concernant la brevetabilité des traits issus des NGT

Débats sur la brevetabilité des traits et des variétés

Le système hybride proposé pourrait conduire à une situation complexe où chaque trait génétique issu des NGT serait protégé par un brevet distinct. Cela augmenterait les coûts administratifs pour les semenciers et compliquerait le paysage juridique, avec des licences spécifiques à négocier pour chaque trait utilisé. Cela pourrait freiner l’innovation, car un semencier pourrait se retrouver à devoir négocier des licences pour des traits génétiques largement utilisés.

Les implications économiques pour le marché des semences

Risques d’augmentation des coûts pour les semenciers et les agriculteurs

Si la brevetabilité des traits issus des NGT est autorisée, les semenciers devront négocier des licences pour utiliser ces traits, ce qui entraînera des coûts supplémentaires pour les agriculteurs. Ces coûts seront répercutés sur le prix des semences, rendant l’innovation génétique plus coûteuse et limitant l’accès à de nouvelles technologies.

Répercussions sur l’innovation et la concurrence

L’introduction de brevets sur des traits génétiques pourrait avoir des conséquences négatives en créant un marché où l’accès aux innovations est restreint par des licences exclusives. Cela pourrait réduire la concurrence dans l’industrie des semences et limiter l’accès des agriculteurs à des semences innovantes, avec des effets néfastes sur l’efficacité et la durabilité de l’agriculture.

L’importance de la réactivité administrative dans la gestion des droits de NGT et de COV

Une affaire récente concernant l’annulation du droit communautaire de la variété végétale pour la variété de pomme de terre « Melrose » en raison du non-paiement des frais annuels illustre les enjeux de la gestion des droits de propriété intellectuelle dans le secteur des semences. En effet, dans l’affaire Romagnoli Fratelli SpA c. Office communautaire des variétés végétales (CPVO), arrêt du Tribunal de l’Union européenne (C-426/24 P), le Tribunal a confirmé que l’Office communautaire des variétés végétales (CPVO) avait agi correctement en annulant le droit en question, après plusieurs rappels électroniques via la plateforme MyPVR à l’intention du titulaire, qui n’a pas réagi dans les délais.

Cette situation met en évidence l’importance pour les semenciers et les obtenteurs de variétés végétales de respecter rigoureusement les procédures administratives et de surveiller de près les communications électroniques relatives à leurs droits de propriété intellectuelle.

Dans le cadre des NGT, qui apportent des changements rapides et complexes dans la génétique des plantes, une vigilance accrue est nécessaire pour éviter que des droits précieux ne soient annulés pour des raisons administratives, comme le non-paiement de frais ou la négligence dans la gestion des informations.

Dans ce contexte, tout comme pour les droits sur les variétés végétales, il devient essentiel pour les détenteurs de droits de veiller à ce que leurs informations de contact et leurs paramètres de communication soient à jour, et de s’assurer qu’ils répondent promptement aux notifications officielles envoyées par voie électronique. Cela est particulièrement pertinent dans le cadre du projet de règlement européen sur les NGT, où des processus administratifs complexes sont susceptibles d’entrer en jeu, et où les semenciers pourraient se retrouver dans une situation similaire si leurs droits sont mal gérés ou négligés.

Conclusion

Le cadre juridique des NGT est en pleine évolution, et les débats autour du projet de règlement européen laissent présager de grands changements pour l’industrie des semences. Le compromis entre les brevets et les COV sera crucial pour l’avenir de l’innovation dans ce domaine, ainsi que pour les coûts et la concurrence sur le marché des semences. Si le système proposé par la Commission et le Conseil européen est adopté, il pourrait transformer radicalement le secteur, avec des conséquences significatives pour les semenciers, les agriculteurs et la durabilité de l’agriculture européenne.

Le cabinet Dreyfus et Associés accompagne ses clients dans la gestion de dossiers de propriété intellectuelle complexes, en proposant des conseils personnalisés et un soutien opérationnel complet pour la protection intégrale de la propriété intellectuelle.

Le cabinet Dreyfus et Associés est en partenariat avec un réseau mondial d’avocats spécialisés en Propriété Intellectuelle.

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Nathalie Dreyfus avec l’aide de toute l’équipe du cabinet Dreyfus.

FAQ

1. Comment le COV protège-t-il les variétés végétales ?
Le COV protège les variétés végétales en assurant à leur créateur des droits exclusifs sur leur production et commercialisation. Il permet aux semenciers de percevoir des redevances sur les ventes de semences.

2. Quels sont les enjeux de la brevetabilité des NGT ?
La brevetabilité des NGT permettrait de protéger des traits génétiques spécifiques, mais pourrait aussi entraîner une complexification du marché des semences avec des coûts accrus pour les semenciers et les agriculteurs.

3. Les NGT peuvent-elles être brevetées en Europe ?
Actuellement, seules des méthodes techniques ou des traits génétiques spécifiques issus des NGT peuvent être protégés par brevet, et non la variété entière.

4. Comment les semenciers négocient-ils les licences pour les traits génétiques ?
Les semenciers négocient des licences pour utiliser des traits protégés par brevet, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires et une gestion complexe des droits de propriété intellectuelle.

5. Quelle est l’implication de l’affaire de l’annulation d’un droit de variété ?
L’affaire souligne l’importance de maintenir la conformité avec les règles de propriété des semences, notamment en ce qui concerne le paiement des frais de protection.

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